Sensible à la protection de l’environnement, la surfeuse française Justine Dupont s’est engagée pleinement et concrètement, en sensibilisant, en réduisant et en contribuant. Entretien.
Le 22 avril dernier, nous fêtions la journée de la Terre. À cette occasion, nous avons eu le plaisir d’échanger avec Justine Dupont, surfeuse émérite et, qui plus est, engagée avec la MAIF dans sa contribution climatique depuis 2020.
Pour celles et ceux qui ne la connaissent pas, Justine Dupont a battu et continue de battre tous les records dans le monde du surf. Du Big Wave Tour en longboard au championnat du monde en Stand Up Paddle, aucune catégorie ne la résiste. On dit même d’elle qu’elle est la surfeuse polyvalente par excellence.
Par essence, nos ambitions se concrétisent principalement par des actions qui entrainent des mouvements, et qui eux-même nous force à avoir une empreinte carbone. Du plus petit au plus gros consommateur d’énergie, nous avons tous une responsabilité dans cette équation, comment schématisez-vous la vôtre ?
Justine Dupont : Il y a, selon moi, deux axes sur lesquels nous pouvons mesurer notre empreinte carbone. Celui qui me permet de travailler et donc d’atteindre mes objectifs professionnels ; c’est-à-dire qu’en surf, nous utilisons des jet skis qui nous accompagnent jusqu’aux vagues les plus hautes et qui par la même occasion nous garantissent d’en ressortir sans encombre. Sans compter nos déplacements, qui, sur une saison complète m’obligent à prendre l’avion à plusieurs reprises.
Le second axe concerne mon quotidien, celui qui nous amène toutes et tous à consommer pour se loger, se nourrir, vivre en somme ! Son impact est moindre, mais pour autant nous faisons des efforts pour le diminuer au maximum avec mon compagnon.
Cette analyse vous a conduit, sur la base de vos émissions de CO2, à concevoir en partenariat avec MAIF, votre programme de contribution énergique. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
Justine Dupont : En effet, je me suis engagée à compenser mon activité professionnelle par une contribution énergétique. Celle-ci reprend mes trajets aériens et tout ce qui participe à la réalisation de ma pratique professionnelle. Nous avons estimé en 2020 avec la MAIF, que ma saison sportive était évaluée à hauteur de 8.000 euros par rapport à mes émissions émises.
De ce fait, nous avons soutenu l’association de l’ONF par un financement responsable et à part égales entre la MAIF et moi-même. Chaque financement a pour but d’accompagner des associations liées à la nature et à sa préservation. Quand on fait du surf dans les Landes et que l’on voit ces forêts en feu, on se doit d’agir. Je pense que ce genre de partenariat peut créer des synergies entre le sport et la nature.
Un partenariat gagnant qui vous a permis d’affirmer, une nouvelle fois, votre engagement envers la nature. Vous vous êtes cette fois-ci dirigés vers l’association Coco An Dlo de Coralie Balmy qui œuvre auprès d’un élément familier à votre réussite, l’océan. Selon vous, est-ce donc important d’aborder la transition écologique à travers l’enseignement scolaire et plus concrètement par la compréhension et la protection des océans ?
Justine Dupont : Coralie Balmy, en tant que championne olympique, je peux dire que je me revois en elle. Elle agit concrètement auprès des enfants martiniquais pour les sensibiliser à l’océan et à son fonctionnement. Son seul objectif est de faire connaître l’océan pour mieux le protéger par la suite. En d’autres termes, les éduquer par l’intégration de certaines notions de protection de l’environnement, et que cela devienne donc une logique pour eux.
A savoir que reconduire ce programme de contribution énergétique, c’est affirmer mon engagement et mon accompagnement auprès d’une association qui me touche directement. Et puis, même si cette saison a pu être moins énergivore puisque j’ai diminué mon empreinte carbone, je reste sur la même contribution que l’an dernier.
Nous avons pour habitude de demander si sur le plan personnel, vous êtes toutes et tous autant engagé(e)s ? Quelles sont, si vous en avez, vos gestes éco-citoyens ?
Justine Dupont : J’aime autant le challenge sportif que celui qui touche ma vie quotidienne. Je traduis cette envie du « faire mieux » par une évolution progressive mais constante de ma consommation quotidienne. Il y a quelques années, j’ai appris à consommer et à recycler plus durablement. Sans vous mentir, il fallait des compromis. Aujourd’hui, je peux vous dire que sans ces gestes, mon équilibre de vie ne serait pas le même. Récemment, je me suis même passionnée pour la permaculture avec mon compagnon, cela me reconnecte à l’essentiel.
Vous ne manquez pas de popularité sur les réseaux sociaux avec quelques centaines de milliers d’abonnés. Croyez-vous que cette influence puisse également contribuer à une vision de l’environnement plus concrète ?
Justine Dupont : En effet, nous avons en tant que sportif(ve) de haut niveau une certaine responsabilité à travers nos réseaux sociaux. A titre individuel, le fait d’être végétarienne me permet de m’engager au quotidien et cela devient collectif dès que je le partage. Parler plus fort et garder ma dynamique de gagnante pour participer et relayer les nombreuses associations qui participent à la transition écologique, c’est aussi ça mon combat.
Je pense que l’humain à titre personnel peut déjà faire beaucoup si chacun se comprend. Je suis sportive de haut niveau, mais pour autant, ma part se fait dans le partage des informations que j’ai acquises. Je ne pense pas aller au-delà afin de rester cohérente dans mes propos.
Des saisons qui s’accumulent, avec deux grosses blessures aussi et des mois d’arrêts, mais vous avez toujours su vous relever pour revenir plus forte. Dès lors, vous semblez nous prouver que la clef de ce succès peut se trouver à travers un processus résilient qui vous permet de vous adapter et de rebondir. Une autre le fait depuis des millions d’années : notre Terre. Que pensez-vous de cette comparaison ?
Justine Dupont : La résilience m’inspire et me fait dire que nous sommes tous des mini-planètes. Les blessures font parties du sport, et se relever est une nécessité quand on a des ambitions telles que les miennes. Pour autant, tout comme notre environnement, il y a parfois des points de non-retour mais malgré cela on continue d’avancer et on apprend à faire avec.
Je pense que l’on peut encore trouver des économies dans lesquelles nous nous y retrouvons tous, comme par exemple repenser notre consommation, qu’elle soit plus locale. De cette façon, nous pourrions imaginer un futur dans le sport et même partout ailleurs.