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Charte éco-responsable : un nouveau cadre plus contraignant pour les événements sportifs

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En partenariat avec le magazine Les Sportives, média de fond de référence du sport féminin. Retrouvez ce sujet dans le n°22 des Sportives.

En décembre 2021, le ministère des Sports et le WWF France ont lancé la deuxième version de la Charte des 15 engagements écoresponsables, un outil destiné aux organisateurs d’événements sportifs et gestionnaires d’équipements. Plus exigeant, le nouveau document voit ses objectifs rehaussés. Une évolution attendue.

Créée en 2017 par le ministère des Sports et le WWF France, la Charte des 15 engagements éco-responsables est un outil d’engagement volontaire qui vise à rendre le sport plus vertueux. Depuis sa création, 350 événements liés au monde du sport français ont signé ce document majeur dont la première version n’était aucunement contraignante. Ce guide est « une manière pour les organisateurs de grands événements nationaux et internationaux de s’inclure dans une démarche reconnue et institutionnalisée de développement durable », explique Denis Lafoux, conseiller au cabinet de Roxana Maracineanu, la précédente ministre des Sports, en charge des sujets sport-santé et développement. « On ne donne pas de méthodologie mais des objectifs à atteindre, ce qui permet de structurer une démarche. » Une vision partagée par Célia Ferrero, directrice du fonds de dotation du Montpellier Hérault Rugby, récent signataire, qui voit en cette charte une « feuille de route qui permet de savoir d’où nous partons et comment nous pouvons progresser ».

Des contraintes pour aller plus loin

En décembre dernier, le ministère des Sports et le WWF France ont donc présenté une version actualisée, co-construite avec les acteurs du monde du sport, à horizon 2024. Pas de révolution, seulement une évolution naturelle et des nouveautés intéressantes. « Cette V2 ne vient pas corriger la première mais l’enrichir », assure le conseiller de Roxana Maracineanu. La principale nouveauté concerne la contrainte désormais imposée aux organisations signataires. Une modification essentielle ! 

Désormais, des critères d’évaluation sont adossés à chaque engagement et un rendu est obligatoire. « Les structures qui s’engagent sont déjà performantes et vont tendre à l’être encore plus, parce que les objectifs fixés sont encore plus élevés », argumente Denis Lafoux. Ainsi, les objectifs chiffrés sont plus ambitieux qu’auparavant : 80% de l’offre alimentaire proposée sur l’événement sportif doit être durable, c’est-à-dire locale, de saison, bio ou plus végétale, 90% des déplacements doivent être effectués en mobilité durable : transports en commun, covoiturage, vélo ou à pied. De plus, 80% des sponsors doivent être impliqués dans l’atteinte des objectifs de la Charte, via des partenariats responsables. Le sponsoring, justement, est l’un des trois nouveaux engagements de cette version, avec les considérations autour de l’empreinte numérique et de l’éducation au développement durable.

Roxana Maracineanu et Isabelle Autissier lors du lancement de la v2 de la Charte.

Les objectifs énoncés semblent élevés. De quoi effrayer de potentiels signataires ? « Cela peut effectivement freiner un certain nombre de structures, mais pas les arrêter, estime Denis Lafoux. Oui, nous sommes ambitieux, mais ce n’est pas excessif. Nous le sommes à la mesure des enjeux qui sont en face de nous. Il y a une nécessité de faire bouger rapidement nos acteurs sur ces questions-là. » Les organisateurs de La Grande Course du Grand Paris Express sont également sur cette ligne : « Nous sommes devenus signataires car il est évident qu’il faut désormais s’engager sur des objectifs clairs, nets et chiffrés. Les déclarations d’intention ne suffisent plus face à l’urgence climatique. Ces objectifs semblent atteignables, même s’ils ne s’appliquent pas à tous les types d’événements. »

Des clubs réfractaires

Effectivement, selon nos informations, certains clubs professionnels ne souhaitent pas signer la Charte. Ils craignent de voir l’obligation de communication autour de l’avancement des engagements se retourner contre eux, en alimentant les accusations de greenwashing. S’ils agissent pourtant bel et bien en faveur d’un sport plus durable, et sont même parfois à la pointe sur certains domaines, quelques objectifs demeurent « inaccessibles », selon les acteurs avec qui nous avons discuté. « Il y a des engagements qui ne sont pas atteignables. Nous n’avons pas envie de prendre le risque de devoir dire qu’on n’y arrive pas, parce que c’est très facile de taper sur les acteurs du football professionnel », nous souffle l’un d’eux. 

En effet, chaque organisation sportive a ses spécificités et ses propres difficultés à surmonter, en fonction de sa taille, de sa localité, de son fonctionnement et de ses parties prenantes. Pour certains clubs urbains, par exemple, il sera plus facile d’atteindre les 90 % de déplacements en mobilité durable que pour d’autres, plus ruraux et confrontés notamment à une offre de transports en commun trop limitée. Toujours concernant la mobilité, les déplacements des équipes sont souvent très médiatisés. L’avion est peu à peu devenu la norme, même pour des trajets très courts. Dans certains cas, la responsabilité est clairement imputée à ces clubs, qui brandissent pour défense – à tort ou à raison – tantôt l’aspect sécurité, tantôt la difficulté logistique et financière de privatiser un train, tantôt la récupération des joueurs et joueuses. Les instances sportives, à l’origine des calendriers des matchs, ont aussi leur part de responsabilité. La multiplication et l’allongement des compétitions, dans une logique pécuniaire souvent abusive, pose un réel problème.

Amadea Kostrzewa Charte engagements Ministere Sports WWF Ecologie Sport Ecolosport
Amadea Kostrzewa, Manager Mobilisation environnement et climat de Paris 2024

La force du collectif

Au-delà d’être un guide, la Charte est aussi un réseau qui permet aux acteurs du monde du sport de mettre en commun leurs idées et de trouver des synergies. C’est ce qu’a détaillé Amadea Kostrzewa, manager de la mobilisation climat et environnement pour Paris 2024, lors du lancement de cette nouvelle version. « Nous voulons que 100 % de l’énergie utilisée pour les Jeux soit renouvelable. Notre partenaire EDF va nous alimenter en énergie en provenance d’un parc éolien français. Sur ce sujet, nous sommes par exemple en lien avec la Formule E, qui a les mêmes problématiques. Autre engagement, la sortie du plastique à usage unique. Nous avons ainsi bénéficié de l’expérience de la Fédération française de tennis avec le Paris Rolex Master, qui a supprimé les bouteilles en plastique. Nous allons voir si c’est adapté au contexte des Jeux. »

Paris 2024 s’inspire de certains événements pour ensuite transpirer sur d’autres. La Charte prend le même chemin, puisqu’elle sert de base au groupe d’expert(e)s qui travaille sur le sujet au niveau européen. L’exemple français est considéré comme l’un des meilleurs, des plus concrets et des plus détaillés dans ce domaine. C’est la force du collectif : s’inspirer mutuellement et accroître une dynamique vert(ueus)e, nécessaire au sein de l’industrie du sport comme ailleurs.

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