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Carton rouge – De la neige transportée par camions pour la Coupe du monde de biathlon au Grand-Bornand

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Du 15 au 18 décembre prochain, se tiendra la Coupe du monde de biathlon au Grand-Bornand, dans les Alpes françaises. A deux semaines du rendez-vous, la neige, elle, ne l’est pas. Le comité d’organisation a alors décidé d’acheminer dans des semi-remorques de la neige artificielle. Pas besoin de sortir de nos frontières pour observer des aberrations environnementales dans le sport.

Ce n’est donc pas moins d’une douzaine de camions qui ont transporté 12 000m3 de neige artificielle jusqu’à la piste du stade de biathlon du Grand-Bornand, pour la Coupe du Monde de biathlon, qui se tiendra dans quelques jours.

La société, comme les grands acteurs du ski, ont lourdement critiqué – et avec de bonnes raisons – la tenue des Jeux d’hiver asiatiques en Arabie Saoudite ou le recours massif à la neige artificielle pendant les JO d’hiver de Pékin. Et pourtant, dans moins de deux semaines, se tiendra une compétition mondiale de biathlon au Grand-Bornand, nécessitant 24 000m3 de neige artificielle. En France non plus, on ne sait donc pas toujours choisir la bonne période, ni la bonne altitude : la piste se situant à 930m d’altitude.

Le problème de la neige artificielle – dite neige de culture

La neige artificielle et carbonée pose de nombreux problème de durabilité : elle contient et donc nécessite deux fois plus d’eau que la neige naturelle, ce qui mène à des sécheresses (lors de la récolte d’eau nécessaire à sa production) et des inondations (lorsqu’elle fond). D’importants problèmes de gestion d’eau par les humains et de perturbation du cycle de l’eau sont créés. L’eau est parfois prélevée dans des cours d’eau en période d’étiage, des tourbières sont détruites pendant le processus, l’éponge des sols est endommagée par les excès d’eau…

La neige artificielle contient également des additifs qui viennent polluer les sols, qui sont de plus en plus nécessaires à mesure que les températures sont de moins en moins basse. Les canons à neige sont responsables de pollution sonore (notamment pour la faune) et de surconsommation électrique. Enfin, l’acheminement de cette neige d’un point à un autre est la plupart du temps carboné. C’est le cas ici, puisque de nombreux semi-remorques polluants traversent les montagnes pour déverser cette vraie-fausse poudreuse.

Dans le cas de cette Coupe du monde, un collectif d’associations environnementales – dont Mountain Wilderness – dénonce à travers un communiqué que la neige proviendrait « d’un espace de stockage alimenté par des canons à neige dont l’eau est pompée dans le lac de la Cour, lui-même alimenté par la retenue collinaire du Maroly, l’une des plus grandes de France ». C’est tout l’écosystème qui est perturbé par la différence de quantité d’eau initiale et la quantité d’eau finale à l’échelle du bassin versant.

Quelle image renvoyée par de tels événements ?

Alors que l’on critique longuement les événements hors-sol se tenant hors d’Europe, il suffit parfois de rester en France pour trouver quelques aberrations. S’il semble moins aberrant, dans notre imaginaire collectif, d’organiser des compétitions de sports d’hiver en France qu’en Arabie Saoudite ou en Chine, tous les endroits de France ni toutes les périodes ne se prêtent idéalement à l’exercice.

L’Union Internationale de Biathlon avait organisé des débats sur la gestion durable de la neige et de l’avenir du sport d’hiver. Une belle initiative qui ne semble pas se poursuivre par les actes, à l’aune de cette compétition. A quand une réelle prise en compte de l’environnement comme facteur inhérent de telles compétitions, alors que les biathlètes s’inquiètent de plus en plus du changement climatique ? Quand arrêterons-nous de sacrifier la nature et nos valeurs pour mieux se rehausser lors d’épreuves sportives ? Si le biathlon est ici ciblé, les mêmes remarques peuvent aussi s’appliquer à d’autres sports d’hiver, comme l’explique Kilian Jornet dans une série de tweets (voir plus bas). Le sport doit rester avant tout un outil de dépassement de soi plutôt qu’un outil de rabaissement de son environnement.

Photo à la une : © Le Dauphiné Libéré /T.P.V.S.

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