The Ocean Race a débuté le 15 janvier dernier. Les skippers se sont élancés pour un tour du monde de 6 mois durant lequel ils vont collecter de précieuses et nombreuses données sur l’état des océans.
« La prochaine édition de The Ocean Race comportera le programme scientifique le plus ambitieux et le plus complet jamais créé pour un événement sportif. » La promesse des organisateurs de The Ocean Race a de quoi impressionner. Partis le 15 janvier d’Alicante en Espagne en prenant la direction du Cap Vert, les skippers vont effectivement récolter de nombreuses données sur les océans, via des outils de mesure installés sur tous les bateaux participants. Les navigatrices et navigateurs vont parcourir environ 60 000 kilomètres pendant 6 mois, atteignant des endroits particulièrement reculés et difficiles d’accès pour les navires scientifiques. Ainsi, la course va tenter d’apporter des précisions sur la pollution par les microplastiques et l’impact du dérèglement climatique sur les mers et les océans.
The Ocean Race va collecter 15 types de données
En tout, ce sont 15 types de données qui vont être collectées. Deux équipes vont mesurer les niveaux de CO2, d’oxygène, de salinité et de température de l’eau, et vont permettre aux scientifiques de se faire une idée plus précise de l’impact du dérèglement climatique sur l’océan. Cette année, The Ocean Race va relever de nouvelles mesures pour la première fois : les niveaux d’oxygène et d’oligo-éléments (fer, zinc, cuivre et manganèse) dans l’eau, ces derniers étant indispensables pour la croissance du plancton, lui-même indispensable puisque plus grand producteur d’oxygène des océans.
Deux autres équipes prélèveront des échantillons visant à détecter la teneur de microplastiques dans l’eau. Pour la première fois cette année, les analyses permettront de savoir de quels produits plastiques sont issus ces fragments de déchets. L’ensemble des équipes mesureront de nombreuses données météorologiques, permettant de comprendre l’évolution du climat et des courants et d’anticiper davantage les événements météorologiques extrêmes et les grandes tendances.
Enfin, l’équipe Biotherm du Français Paul Meilhat collabore avec la Fondation Tara Ocean. L’Imoca (type de bateau utilisé par cette équipe) va recueillir des informations sur la santé et la biodiversité des océans et donc sur le phytoplancton, sur lequel se repose la vie océanique puisqu’il favorise l’absorption du CO2 et régule le climat terrestre.
« Un océan en bonne santé n’est pas seulement vital pour le sport que nous aimons, il régule le climat, nourrit des milliards de personnes et fournit la moitié de l’oxygène de la planète » précise Stefan Raimund, responsable scientifique de The Ocean Race. « Son déclin a un impact sur le monde entier. Pour l’enrayer, nous devons fournir aux gouvernements et aux organisations des preuves scientifiques et exiger qu’ils agissent en conséquence. » Toutes les données collectées par les équipes seront ainsi en open-source, disponibles pour les partenaires scientifiques de la course à voile – CNRS, National Oceanography Centre, National Oceanic and Atmospheric Administration, Société Max-Planck – et alimenteront notamment le GIEC.
Un programme scientifique « vital pour la communauté scientifique »
« Les données recueillies lors de nos précédentes courses ont été incluses dans des rapports cruciaux sur l’état de la planète qui ont informé et influencé les décisions des gouvernements » poursuit Stefan Raimund. « Le fait de savoir que nous pouvons faire la différence de cette manière nous a incités à étendre encore davantage notre programme scientifique et à collaborer avec un plus grand nombre d’organisations scientifiques de premier plan dans le monde pour soutenir leurs recherches essentielles. »
« Le programme scientifique de The Ocean Race est vital pour la communauté scientifique et son travail de soutien à la Décennie des Nations Unies pour l’océanographie » a aussi déclaré Véronique Garçon, scientifique senior au CNRS. « Les données recueillies par les bateaux dans des régions reculées du monde, où les informations sont rares, sont particulièrement précieuses. En d’autres termes, plus nous disposons de données, plus nous sommes en mesure de comprendre la capacité de l’océan à faire face au changement climatique et de prédire ce qu’il adviendra du climat à l’avenir. »
The Ocean Race collabore aussi avec l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) et a développé l’initiative Relay4Nature, qui veut faire le lien entre les problèmes qui affectent la planète et les solutions collaboratives nécessaires. La course a aussi réalisé une enquête il y a quelques mois, qui a démontré qu’une très large majorité des professionnels de la voile souhaite voir ce sport devenir plus durable, et qu’il n’en fait pas assez pour réduire son impact environnemental. À l’heure de la performance, de l’innovation et des records, les notions de sobriété et de performance durable ont peut-être de beaux jours devant eux.
Photo à la Une : © Sailing Energy | The Ocean Race