A leur fermeture, certains édifices religieux sont parfois convertis en temples du sport. Quel est l’intérêt sportif et écologique de cette pratique ? Quels sont les exemples les plus marquants ? Petit tour d’horizon.
La France compte environ 100 000 édifices religieux, pour la grande majorité catholiques et 6000 dédiés aux autres religions. À l’heure où de nombreux bâtiments se font vieux et sont de moins en moins fréquentés, il arrive que l’Eglise les désacralise et les vende dans le cadre de projets de réhabilitation. S’il est plutôt commun de voir chapelles et églises transformées en bâtiments scolaires ou résidences privées, il est plus rare de les voir être converties en temples du sport. Pourtant, ces exemples existent et ont un véritable intérêt pratique et écologique.
En effet ces bâtiments sont souvent haut, comportent une vaste salle principale pensée pour accueillir plusieurs centaines voire milliers de personnes (comptez 1 mètre carré/personne) et possèdent d’épais murs permettant garder une température fraiche à l’intérieur. Un argument majeur si l’on se réfère au rapport du WWF et aux conséquences d’un monde à +2°C ou +4°C sur le sport et notamment les salles. La majorité de ces édifices ayant déjà plusieurs dizaines d’années, voire plusieurs siècles, leur impact carbone a été amorti sur la durée, alors qu’il faut compter 850kg à 1 tonne de CO2 par mètre carré pour la construction d’un bâtiment moderne. Paris 2024, pour réduire sa facture carbone, a justement opté sur l’utilisation d’équipements existants ou temporaires à 95%, et utilisera notamment des bâtiments non-sportifs – mais pas religieux – durant la quinzaine des Jeux. Autre élément non-négligeable, réaménager un bâtiment déjà existant coûte bien moins cher que de faire sortir un complexe de terre.
Etant donné la nature variée des édifices disponibles, chaque bâtiment peut trouver le sport qui lui correspond. En effet, pour un gymnase, une salle de sport, une piscine municipale ou encore un skatepark, il faut compter entre 400 et 1200m2, 420m2 pour un terrain de basket et le double pour un terrain de handball ou de futsal, ou encore 200m2 pour un court de tennis.
En France, on compte une dizaine de conversions d’édifices religieux en complexes sportifs, notamment une chapelle transformée en salle de sport moderne à Caen en 2020 et une autre en salle d’escalade à Paris. Parmi les projets plus récents, celui de transformer le couvent des Visitandines à Marseille en maison des sports sur trois étages qui accueillera notamment des arts martiaux et de la danse, un grand vestiaire et un city stade à l’extérieur.
Ailleurs en Europe et en Amérique, quelques édifices ont aussi fait l’expérience de rénovations un peu plus spectaculaires, parmi les plus connues le skatepark coloré de Llanera en Espagne, le piscine et sa salle de sport dans une église gothique à Londres, une salle d’escalade et de trampoline au Canada, ou encore le terrain de basket Nike à Chicago dans un bâtiment du 19ème siècle. Tous ces exemples démontrent que la diversité des édifices et des sports permet de trouver, avec un peu d’imagination, une manière d’adapter l’un à l’autre.
Si ces conversions d’édifices religieux en temples du sport sont parfois mal acceptées par les communautés qui voient leurs lieux de prière dénaturés, elles restent une option écologique qui permet de donner une seconde vie à des bâtiments qui seraient peut être détruits autrement, tout en recréant un lieu d’échange culturel au bénéfice des populations locales.
Photo à la Une : © La Iglesia Skate