Alors que la planète fait face à des records de température, certains sportifs continuent de pratiquer une activité sportive, risquée pour leur santé. En Italie, deux footballeurs amateurs sont décédés. Sur le Tour de France, on suffoque. Peut-on continuer à faire du sport en été ?
Les signaux sont au rouge. Écarlate, même. La planète fait face à des records de température, depuis quelques jours. Des records absolus tombent aux Etats-Unis ou en Chine. Le record de température moyenne mondiale ne cesse d’être battu (voir graphique ci-dessous) et celle des mers et des océans affichent un niveau inquiétant. L’Europe n’y échappe pas non plus, et notamment l’Espagne et l’Italie. Chez nos voisins transalpins, justement, deux footballeurs amateurs italiens de 51 et 48 ans sont décédés des suites d’un malaise dû à la chaleur extrême, ce vendredi 14 juillet, dans la région de Naples. Dès lors, est-ce bien raisonnable de continuer à faire du sport en été ?
Selon un rapport du WWF publié en juillet 2021, la pratique sportive est déconseillée à partir de 32°C, une température largement dépassé en Italie, en Espagne ou même en France, et qui le sera de plus en plus. Ce même rapport annonce d’ailleurs les effets d’un monde à +4°C : 62 jours de pratique en moins par an !
Tour de France, Jeux Olympiques… Les grands événements sportifs vont devoir s’adapter
Quid des grands événements sportifs ? Prenons le Tour de France, qui traverse actuellement le pays. Les coureurs s’élancent à la mi-journée (aux alentours de 13h00) pour une arrivée en fin d’après-midi (aux alentours de 17h30), soit au moment où il fait le plus chaud, en plein mois de juillet. Chaque année, les cyclistes doivent jongler avec des températures de plus en plus élevées et suffocantes. Les corps sont mis à rude épreuve car ils ne se refroidissent pas bien, et leur santé est largement engagée. Les images de coureurs s’arrosant abondamment ne faibliront donc pas, tout comme celles de camions mouillant les routes, devenues trop chaudes pour les pneus des vélos et donc trop dangereuses. Le risque concerne aussi les fans sur le bord des routes, qui attendent plusieurs heures le passage du peloton, souvent en plein soleil, en pleine après-midi…
« Je me rappelle d’une étape sur la Vuelta (Tour d’Espagne qui a lieu en août chaque année, ndlr) où mon compteur affichait une moyenne de 38 degrés sur la journée, alors qu’on était en montagne » s’est remémoré Guillaume Martin, leader de l’équipe Cofidis, auprès de l’AFP en amont du Tour. « Déjà, je ne suis pas certain que le sport de haut niveau soit bon pour la santé. Mais quand il y a des pics de pollution et que tu entends à la radio qu’il ne faut surtout pas faire d’activité à l’extérieur, alors que nous on fait des courses à fond… »
La problématique est également valable pour les prochains Jeux Olympiques (et Paralympiques dans une moindre mesure) de Paris 2024 et Los Angeles 2028. Les deux villes pourraient bien faire face à des températures difficilement soutenables et surtout dangereuses pour les organismes, poussés à l’effort extrême. Les athlètes s’étaient par ailleurs inquiétés du manque de climatisation dans le Village olympique, il y a quelques mois, voyant déjà arrivé le spectre d’une canicule semblable à celle connue en 2022. Citons aussi, en outre, les « water-break » sur les pelouses de Ligue 1 ou de TOP 14, pour soulager et hydrater les corps quand il fait trop chaud.
Quelles solutions, alors, pour ces grands événements et pour la pratique sportive d’une manière générale ? L’adaptation est le maître-mot. Décaler les heures des étapes du Tour de France, en matinée ou en soirée est une première solution. Décaler à un autre moment de l’année l’événement en est une autre, bien plus difficile à mettre en place dans un calendrier mondial dense. Pour les Jeux, Thomas Bach, Président du CIO, avait expliqué à Sport Reporter en 2020 qu’il se montrerait flexible selon l’évolution du climat et des températures. Verra t-on des Jeux au printemps ou en automne ? Ou seulement dans les pays du Nord ? Rien n’est à exclure, puisque les mois de juillet et d’août seront condamnés dans un avenir plus ou moins proche.
Réduire le nombre de compétitions est, en tout cas, la solution à prioriser. Si elle va à rebours des enjeux économiques et financiers des grandes organisations, l’allégement du calendrier est la seule solution qui permet de s’adapter plus facilement au changement climatique, d’en réduire sa causalité, et de ne pas mettre en danger les sportives et sportifs. Ce sont bien eux qui sont en première ligne : n’attendons pas un drame en mondovision pour changer nos habitudes.
Photo à la Une : © Pauline Ballet / A.S.O.