Face à la surconsommation de volants de badminton, la jeune start-up Compo’plume les récolte et les recycle pour en faire des meubles.
Tout commence par une passion pour le badminton, sport que pratique Benjamin Moreau quand il a du temps libre. Ingénieur dans l’aéronautique, il s’est souvent posé la question du recyclage des très nombreux volants usagés. Après un long travail de recherche, débuté en 2019, le constat est effarant : il n’existe aucune filière. C’est ainsi que le Nantais va se lancer dans la création de Compo’plume, une entreprise spécialisée dans la revalorisation de ces objets.
Une forte source de déchets
En badminton, 3 types de volant sont utilisés : ceux en plastique, destinés à la pratique en loisir et aux entraînements, ceux en plume avec un bouchon en liège, et l’hybride mélangeant les 3 composites cités précédemment. Malgré leur poids très léger (environ 5 grammes), on estime que les volants en fin de vie génère plus de 40 tonnes de déchets par an (environ 8 millions de volants) uniquement en France, déchets qui étaient jusqu’à présents jetés dans les ordures ménagères et donc incinérés.
À cela s’ajoute l’empreinte carbone liée à la production, essentiellement en Asie du sud-est, et l’importation, sans compter les potentielles questions de souffrance animale, les plumes provenant uniquement de canards et d’oies. Auparavant utilisés dans les compétitions de haut-niveau, le recours à ce type de volants est désormais monnaie courante dans les échelons inférieurs. Une tendance qui, en soit, n’améliore en rien les compétences des pratiquant(e)s. Autre chiffre évocateur : on estime qu’une quarantaine de volants sont nécessaires lors de chaque match olympique.
Des terrains de badminton aux salles de cafés-restaurants
Après de longues recherches, Benjamin trouve une première solution : celle de broyer les volants afin de créer principalement des plateaux de table. Quant aux pieds en métal, ils sont fabriqués par un artisan local. Compo’plume commence ainsi à fournir quelques clients, principalement des hôtels et des restaurants. Engagée dans une démarche vertueuse, la jeune start-up à recours à un ESAT situé à Légé (44) et qui emploie des personnes en situation de handicap pour la phase de broyage. Ne manquant pas d’ambitions, son fondateur réfléchit actuellement à la possibilité de produire des panneaux acoustiques notamment avec le liège des bouchons.
Soutenu par l’ADEME et la région Pays de la Loire, il travaille également sur un gros chantier : la revalorisation des plumes. Lancée en 2023, l’entreprise de Loire-Atlantique s’est ainsi donnée une mission, « celle de faire des déchets atypiques, de nouveaux matériaux techniques et durables. »
Un partenariat logique avec la Fédération Française de Badminton
Pour se fournir, l’entrepreneur nantais a passé un accord avec la Fédération Française de Badminton en fin d’année 2022. Déjà engagée dans une ambitieuse stratégie RSE, la FFBad a forcément accueilli ce projet avec enthousiasme et le soutient via sa Fondation 1pacte gagnant. Des boîtes de collecte pouvant contenir jusqu’à 700 volants sont ainsi envoyées à la demande des clubs. « Un carton de 800 volants coûte environ 27 euros. Nous ne margeons pas dessus, il s’agit seulement de couvrir les frais de transport » a récemment précisé Benjamin Moreau dans les pages du média Les Échos.
Même si l’empreinte carbone des volants de badminton est très – voire même trop – importante, et que leur durabilité et la chaîne de production restent des sujets majeurs à traiter, Compo’plume propose un début de solution en jouant la carte de l’économie circulaire.