Un défi explosant tous les records pour Kilian Jornet et un message fort sur la ligne d’arrivée de l’UTMB pour Andy Symonds, les 2 ultra-traileurs ont montré, une fois de plus, leur fort engagement écologique.
Sport en vogue, le trail séduit de plus en plus de sportif(ve)s en quête de grands espaces. Un engouement assez paradoxal alors que la montagne, milieu fortement impacté par le dérèglement climatique, est leur terrain de prédilection. Face à cette situation, certains grands noms de la discipline essayent d’alerter sur la fragilité de ces écosystèmes. Cet été encore, à l’occasion de l’UTMB 2024, Kilian Jornet et Andy Symonds ont tout fait pour attirer la lumière sur la nécessité de respecter la nature, que ce soit en tant que coureur(se)s mais aussi comme organisateur(rice) de compétition.
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82 sommets de 4000m en 19 jours pour Kilian Jornet
C’est un nouvel exploit tout simplement majuscule que vient de signer Kilian Jornet en gravissant 82 sommets alpins de plus de 4000m en seulement 19 jours. Au-delà de la performance sportive hallucinante, le Catalan a également envoyé quelques messages clairs en matière d’écologie.
Ainsi, celui que l’on surnomme l’Ultra-terrestre n’a pas utilisé de moyens de locomotion motorisé durant cette aventure baptisée « Alpine Connections ». Seuls ses jambes et un vélo lui ont permis de relier les différents sites (un van le suivait pour la logistique, ndlr). Suivi par une équipe composée d’amis, de vidéastes et de photographes, il a également voulu montrer, via son épopée, la beauté et surtout la fragilité des paysages alpins, un milieu de plus en plus prisé des pratiquant(e)s de sports de montagne et des touristes.
Hasard du calendrier ou petite provocation, Jornet se trouvait au niveau du Mont-Blanc le jour du départ de l’UTMB, course qu’il avait appelé à boycotter en début d’année, dénonçant notamment l’appétit financier sans limite des organisateurs de cette manifestation. Sans doute espérait-il également leur faire un peu d’ombre médiatique.
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« Sortez le greenwashing du trail »
Plus bas, à Chamonix, Andy Symonds, participant à l’UTMB, a également mené une action pour sensibiliser à la protection de l’environnement et dénoncer le côté ultra-capitaliste de l’association Iron Man Group/UTMB Group. Arrivé à la 21ème place de l’édition 2024, le Britannique a franchi la ligne finale avec un enjoliveur de roue à la main, qu’il a ensuite offert aux organisateurs.
Dessus était inscrit « Drive Greenwashing Out Of Trail Running ». Le partenariat avec le constructeur automobile Dacia, qui avait d’ailleurs accolé son nom à l’UTMB 2023, en était clairement la cible. Au lendemain de la compétition, Andy Symonds, a détaillé son geste sur les réseaux sociaux :
« Le greenwashing a pour objet de verdir l’apparence d’une marque (souvent polluante), en associant son image à une personne, une équipe et/ou un événement lié à la nature, l’environnement ou la santé, en échange d’une somme d’argent dit « sponsoring ».
Le greenwashing est malheureusement très commun dans de nombreux sports très médiatisés, par exemple le football ou le vélo, où les athlètes jouent au nom d’états pétroliers, compagnies aériennes, pétrochimistes, marques de voiture…
Le trail est un sport très proche de la nature et très concerné par son évolution / dégradation.
De nombreux athlètes et associations, comme The Green Runners et les Protrailrunners, ont fait appel aux organisateurs et aux actionnaires de l’UTMB afin qu’ils ne prennent pas ce mauvais virage et que l’image et les messages portés par cette grande course (et le trail running au sens large) ne soient pas tâchés par les énergies fossiles, source du dérèglement climatique.
À mes yeux, le trail devrait être un symbole de bonne santé, de la protection de l’environnement et plus globalement une pratique positive pour la planète et la société.
L’enjoliveur offert à l’organisation sur la ligne d’arrivée rappelle ce message : sortons le greenwashing du trail running.
Comme pour l’Ultra, un pas après l’autre et on avancera en faisant tous ensemble des progrès positifs.
Maintenant, il faut rentrer à la maison, avec un enjoliveur en moins. »
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Un message puissant qui, espérons-le, amènera d’autres athlètes, toutes disciplines confondues, à l’imiter pour faire bouger les lignes. Actuellement, le monde du sport est hélas en grande partie financé par des entreprises très polluantes, dont les activités compromettent fortement la pratique sportive et même la vie sur Terre.