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Comment faire des marathons urbains de véritables courses éco-responsables

Comment faire des marathons urbains de véritables courses éco-responsables
Le Generali Genève Marathon 2024 - © Benjamin Becker
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Les marathons se multiplient et les dossards s’arrachent comme des petits pains, entrainant de fait des défis écologiques à résoudre pour les organisateurs. Comment faire de ces marathons de véritables courses éco-responsables ?

La course à pied est un sport populaire à l’intérêt particulièrement croissant ces dernières années. Pour preuve, les courses se succèdent et il faut sprinter, parfois, pour obtenir un dossard. Les marathons urbains, comme ceux organisés à Genève, Toulouse ou encore Nantes, sont l’occasion pour les coureur(se)s de parcourir les villes et leurs alentours, à petites ou grandes foulées.

Ces rassemblements sont néanmoins de véritables défis environnementaux. Des milliers de participants se regroupent sur un même tracé, le temps d’une journée et les collectivités doivent concilier accueil du public et gestion durable de l’évènement. Les organisateurs de ces courses, comme OC Sport et Playground Event, travaillent conjointement avec les territoires et peuvent être des acteurs-clés dans la recherche de réduction de l’impact environnemental de ces événements.

“Faire vivre des expériences incroyables aux participants dans le respect de notre environnement”

L’affluence générée par les marathons, comme le Generali Genève Marathon ou encore l’Abalone Marathon de Nantes, tous deux organisés par OC Sport, nécessite des mesures concrètes de réduction carbone. Ils rassemblent respectivement 20 000 coureur(se)s le temps d’une journée. “La nature est notre terrain de jeu” nous dit Stéphane Bourrut-Lacouture, responsable RSE, et Benjamin Chandelier, co-fondateur d’OC sport, rappelant ainsi la nécessité du respect de l’environnement dans l’organisation des marathons. “Il faut faire vivre des expériences incroyables aux participants, dans le respect de notre environnement”.

Réduire le bilan carbone, c’est aussi sensibiliser les sportif(ve)s à des pratiques sportives responsables, en les éduquant aux bons comportements. “Le premier pilier de la transition consiste à positionner les évènements de façon à ce qu’ils soient accessibles en transports en commun. Il faut s’organiser autour d’une gare, d’un métro ou d’un tramway” détaille Benjamin Chandelier. La modification récente du tracé du marathon de Genève rapproche le parcours de la ligne du Léman Express. OC Sport entend d’ailleurs accueillir davantage de coureurs locaux, qui viendraient en train plutôt qu’en voiture ou en avion. À titre d’exemple, en 2024, 7% des participants venus en avion au marathon de Genève représentaient 75% des émissions de l’ensemble des participants. Des chiffres qui démontrent le pouvoir et la responsabilité des choix des coureurs.

> Lire aussi : Le Marathon Vert de Rennes, pionnier des marathons éco-responsables en France

Le départ du Toulouse Métropole Run Experience, en novembre 2024.

S’inscrire dans une dynamique locale pour une décarbonation des marathons

Du côté d’OC Sport comme de Playground Event, on cherche donc d’abord à faire venir les locaux. Jusqu’en 2018, le Marathon de Toulouse s’inscrivait dans une démarche internationale. Playground Event, aux commandes du nouveau Toulouse Métropole Run Experience, relancé en novembre 2024 après plusieurs années d’absence, met un point d’honneur à ce que la course toulousaine soit “un outil de rayonnement local” explique Jérémy Larson, co-fondateur de l’entreprise. “On ne peut pas empêcher les coureurs internationaux de s’y inscrire mais on ne fait rien pour qu’ils viennent” ajoute t-il. Les “marathons cartes postales”, comme les nomme ce dernier, sont immanquablement un attrait touristique difficile à encadrer.

D’abord réticentes pour des questions économiques, les métropoles commencent à comprendre les enjeux d’un évènement à l’attractivité plus locale. “Le message que nous essayons de faire passer aux collectivités, c’est qu’il y aura quand même de l’affluence et des retombées économiques” argumente Benjamin Chandelier. “Simplement, au lieu de faire venir un coureur de Londres, nous allons plutôt essayer d’aller chercher quelqu’un originaire d’une zone urbaine accessible en train.”

Ainsi, aucune promotion de la course dans des pays reliés essentiellement par les airs, n’est menée. Cette ambition va même plus loin : un coureur anglais qui viendrait au marathon de Genève sera exclu de la mailing list annonçant la prochaine édition. OC Sport décrit cette dynamique en parlant de régionalisation. Cet ancrage territorial permet de limiter l’émission de nombreuses tonnes de CO2 générés par le recours à l’avion. C’est aussi le signe d’une évolution notable dans l’organisation et la promotion de ces courses très prisées. “Les évènements doivent servir l’écosystème local” et non le fragiliser, comme le rappelle à juste titre Jérémy Larson.

> Lire aussi : Marathon de Berlin : un pôle durabilité pour une course à pied responsable

Une multitude d’actions écologiques pour des marathons éco-responsables

Diverses initiatives sont imaginées pour transformer les marathons en des courses durables. La mobilité est un défi conséquent qui ne se limite pas aux déplacements extra-muros. Au sein même de la ville, les organisateurs doivent réfléchir à des solutions incitant le public à prendre des transports décarbonés. “À Genève, on offre le billet de transport en commun aux participants pour qu’ils puissent venir sur site”, précise Stéphane Bourrut-Lacouture. Jérémy Larson exprime la volonté de proposer une démarche similaire à Toulouse, pour que les coureurs rejoignent le village du marathon en métro, bus ou tram plutôt qu’en voiture.

C’est en mettant en place une multitude d’actions qu’OC Sport s’inscrit dans une dynamique d’organisation responsable de courses. Au sein du village du marathon de Nantes, comme à Genève, l’électricité est verte et des alternatives alimentaires végétariennes sont proposées. “Nous ne sommes pas sur 100% de ravitaillement végétarien – car c’est un sujet de désaccord – mais nous essayons de le mettre en avant.” De plus, la mobilisation de moyens humains pour gérer le tri et le sur-tri sur les sites des courses permet une meilleure valorisation des déchets et donc, une moindre pollution.

Comment faire des marathons urbains de véritables courses éco-responsables
© Benjamin Becker

La consommation en eau est aussi repensée. Les bouteilles d’eau sont troquées par des gobelets réutilisables, loués ou achetés par les organisateurs. Bien que le coût soit plus élevé, c’est une contrainte nécessaire – et assez démocratisée maintenant – afin d’éviter la surproduction de plastique à usage unique. “Les bouteilles en plastique, on s’en est passé. On loue des écocups, même s’ils nous coûtent plus chers que les bouteilles. Il a fallu modifier les modèles économiques afin d’y parvenir” explique Jérémy Larson. Pour la prochaine édition du Toulouse Métropole Run Experience, Playground Event envisage de trouver un prestataire local pour que les 130 000 gobelets soient lavés sur place.

D’autres mesures, axées sur la sensibilisation, participent à la réduction de l’empreinte écologique de ces marathons. OC Sport a notamment mis en place un calculateur d’empreinte carbone auquel peuvent se référer les coureur(se)s lors de leur inscription en ligne. Cet outil leur permet d’établir l’itinéraire le moins polluant pour se rendre sur place. À l’avenir, les organisateurs réfléchissent à rendre le questionnaire obligatoire lors de l’inscription afin que tous les participants prennent la mesure de l’impact de leur déplacement, et puissent donc s’adapter en connaissance de cause. Explications : “A l’ère des sports d’endurance où la mondialisation est très présente, on préfère que les gens aillent courir à coté de chez eux. Et nous préférons accueillir des locaux.”

Une culture de la régionalisation est donc en cours de construction. Elle participe au développement d’un modèle plus durable et adapté au changement climatique. De cette manière, organisateurs et collectivités assurent la pérennité de ces rassemblements toujours plus importants autour de la course à pied.

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