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J.-B. Durier (A.S.O.) : « Avoir 100% des véhicules légers à motorisation alternative sur le Tour en 2024 »

A.S.O Jean Baptiste Durier Tour de France
31/08/2020 - Tour de France 2020 - Etape 3 - Nice / Sisteron (198 km) -
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Entretien avec Jean Baptiste Durier, Directeur RSE au sein d’Amaury Sport Organisation (A.S.O.), pilier du secteur de l’évènementiel sportif et organisateur du Tour de France, fraichement parti de Brest hier.

Avec une moyenne de 250 jours de compétitions par an, 90 évènements et 5 univers sportifs (cyclisme, Dakar, marathon, golf, voile), le spécialiste du « hors stade » se structure pour faire face aux impacts environnementaux de ses activités. Jean-Baptiste Durier est l’homme en charge de ces problématiques chez A.S.O.

En tant que Directeur RSE, quelle importance ont les problématiques environnementales sur les événements majeurs organisé par A.S.O. ?

Jean-Baptiste Durier : La RSE est vraiment une histoire ancienne pour nous. Sur le Tour de France, c’est un sujet qui a fait l’objet d’une création de poste il y a plus de 10 ans avec Karine Bozzacchi. Ces enjeux sociétaux et environnementaux sont des sujets qui sont consubstantiels de nos événements depuis bien longtemps. Le Tour apprend à des enfants à rouler à vélo bien avant que l’on parle de RSE. Depuis sa création, le Dakar mène des actions sociales et solidaires tout au long du parcours.

Petit à petit, chez nous comme chez d’autres, nous avons pris conscience de l’importance de développer toujours plus ces actions, parce que nous vivons dans un monde qui évolue et nous ne pouvons plus ignorer ces enjeux importants. On pense que les organisateurs, entités, acteurs doivent faire preuve de responsabilités, et doivent s’interroger et faire en sorte que ces activités deviennent plus éco-responsables. Nous devons avoir une approche holistique car notre impact est généré par l’ensemble de nos activités. Il s’agit d’agir et réfléchir sur l’ensemble des directions et des services. La RSE, au delà des jolies formules et incantations, c’est allé chercher – sujet par sujet – des réponses concrètes et durables. Il faut concrètement avoir les mains dans le cambouis.

Justement, le Tour de France est parti hier pour 21 étapes. L’épreuve a fait partie des premiers signataires de la Charte des 15 engagements éco-responsables des évènements sportifs. Concrètement, quels sont les objectifs sur cette compétition ?

Jean-Baptiste Durier : Cette charte est l’adaptation des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) pour le monde du sport, une véritable feuille de route extraordinaire ! C’est en s’appuyant notamment sur cette charte que l’on améliore la mobilité durable du Tour de France avec une vision à 2024 : avoir 100% des véhicules légers accrédités du tour qui soient des véhicules à motorisation alternative. Le processus est déjà en route depuis 2020 avec des jalons annuels qui vont amenés à ce 100% en 2024. Cette année, par exemple, nous avons 85% de la flotte des « véhicules organisations » – les Skoda – qui sont des hybrides rechargeables. En plus de cela, nous avons augmenté la part des véhicules 100% électrique sur le Tour, et notamment la voiture officielle de Christian Prudhomme, le directeur du Tour.

Ces volets « mobilité » sont travaillés avec nos partenaires, principalement Enedis qui nous accompagne sur les constats, les solutions et l’accompagnement des autres partenaires. Au delà des véhicules légers, le volet transport fait l’objet d’un gros travail.

Cette année, un test sur un poids lourd logistique roulant à l’Oléo 100 – un bio carburant à l’huile de colza français et issu de cultures existantes – sillonnera l’ensemble du Tour. Cela va permettre de générer 60% d’émissions de Co2 et 80% de particules en moins par rapport au diesel.

A.S.O Jean Baptiste Durier Tour de France
© A.S.O./Jonathan Biche
Il y a eu plusieurs changements ces derniers temps : l’interdiction des jets de bidons ou l’évolution de la caravane, qui de plus en plus responsable. Comment A.S.O. concilie émotion du sport et évolution des pratiques ?

Jean-Baptiste Durier : Je pense que les deux sont tout à fait conciliables, et même si ça ne l’était pas, notre responsabilité serait de faire en sorte que cela le soit demain ! En effet, la caravane est un sujet central. Ce qui est certain, c’est qu’elle fait partie de l’expérience Tour de France. 50% des personnes sur les bords des routes déclarent venir pour la caravane publicitaire. Notre volonté est de faire en sorte que cette caravane devienne plus éco-responsable année après année, tout en faisant en sorte que l’expérience spectateur soit toujours extrêmement satisfaisante !

A titre d’exemple, les goodies et les cadeaux distribués sont désormais en matières recyclées ou en matières recyclables, et il n’y a plus de plastique à usage unique. L’intégralité des partenaires jouent le jeu et des réflexions sur l’usage de ces cadeaux post-courses sont menées dans un souci de cohérence. La matière la plus vertueuse possible ne rend pas le cadeau responsable s’il n’est pas utile.

En ce qui concerne les jets de bidons, ceux ci deviennent plus règlementés et font l’objet d’une échelle de sanction mise en place cette année pour les athlètes souhaitant jeter leur bidon en dehors des zones de collectes. Le geste symbolique de jeter son déchet par terre dans la nature sera remplacé par le don de bidon de main à main entre les athlètes et les supporters ! L’expérience client doit tenir compte de ces nouveaux enjeux de durabilité et d’évolutions des envies des gens. Elle doit entrer en résonance avec tous ces enjeux environnementaux.

Pour vous, est-ce que le rayonnement du sport professionnel peut être au service d’une transition écologique dans sa globalité ?

Jean-Baptiste Durier : La caisse de résonance de l’évènement est importante, mais pour avoir une parole forte, il faut pouvoir prioriser les sujets sur lesquels on s’exprime et être le plus légitime afin d’avoir une voix forte, porteuse et utile !

Sur le Tour de France, il y a un engagement important sur la mobilité à vélo, on veut inspirer celles et ceux qui le peuvent, à mettre du vélo dans leur vie. Aujourd’hui, en France, la marge d’utilisation des vélos sur les petits trajets est vertigineuse. Le label « Ville à vélo » ou l’opération « Les petits vélos » sont des exemples d’actions concrètes mises en place en parallèle de la compétition. Chaque évènement doit faire l’effort de se trouver une raison d’être, un territoire légitime.

A.S.O Jean Baptiste Durier Tour de France
© A.S.O./Alex BROADWAY
Entre utopie et actions concrètes, comment voyez-vous la création et l’évolution d’un évènementiel sportif plus durable ? 

Jean-Baptiste Durier : Je ne suis pas dans l’utopie, personnellement, mais il faut des gens qui rêvent et dressent des caps. Ensuite, nous essayons d’être dans l’action et de comptabiliser, comprendre et analyser notre empreinte environnementale afin de la réduire et de compenser les émissions résiduelles de l’organisation. J’insiste sur résiduelles, car il ne s’agit pas de s’acheter un droit à polluer mais bien de précéder la compensation d’effort très significatif de réduction. On doit s’attacher à être dans le concret et trouver cette mission d’intérêt général. Si on arrive à être bons sur ces deux plans : impact positif et éco-responsabilité, ce sera une bonne chose de faite ! L’idée est de réussir à faire cela tous ensemble, pour que le monde se porte un peu mieux…

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Solène Dubot Labajauderie
Solène Dubot Labajauderie

Ecolosport le PODDCAST explore la façon dont le sport peut contribuer à la réalisation des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) de l'ONU et comment ceux-ci peuvent soutenir le développement du sport.