Encore confidentiel dans le sport, le statut de club à mission, dérivé de la société à mission, trouve écho dans certains clubs professionnels comme l’Aviron Bayonnais, ou amateurs comme Lyon-La Duchère et le TVEC 85. Zoom sur ces clubs, qui mettent le sens au coeur de leur projet.
L’annonce avait fait un petit peu de bruit, à Noël dernier : l’Aviron Bayonnais devenait le premier club professionnel à devenir entreprise à mission, conséquence d’un travail important et ambitieux du club de rugby basque, dans la continuité de la création de son Fonds de dotation en 2018. Introduit par la Loi Pacte, la qualité de société à mission permet à une entreprise de déclarer sa raison d’être à travers plusieurs objectifs sociaux et environnementaux. « Ce modèle est une évolution de société qui conforte nos volontés et actions passées, nous explique Alexandre Aubert, Directeur général de l’Aviron Bayonnais. Nous avons établi notre mission et nous avons fait en sorte que chaque partie prenante du club soit intégrée dans ce projet d’entreprise. Cette construction autour d’une raison d’être et d’objectifs est encore peu exploité par les entreprises en général – y compris dans le milieu sportif – mais des prises de conscience sont nécessaires et cette évolution nous semblait immanquable. »
Néanmoins, l’Aviron Bayonnais n’est ni le premier, ni le seul à s’être lancé dans cette démarche. Deux clubs amateurs de football l’avaient précédé : Lyon-La Duchère et le TVEC 85, en juin 2021. « Le modèle de l’entreprise à mission nous a obligé à un travail de réflexion collective profonde avec l’ensemble de nos parties prenantes internes et externes afin de définir une raison d’être et des engagements partagés par toutes et tous » explique la gouvernance partagée du TVEC, club des Sables d’Olonne évoluant en R1. En étant accompagné par ses partenaires et un groupe d’experts, et en étant labellisé par Fair Play For Planet depuis 2021, le TVEC a voulu « garantir une démarche structurée et concrète de [sa] mission éducative sportive et durable. »
C’est aussi le cas du club lyonnais, qui évolue en N2. En septembre 2021, Lyon-La Duchère se saisissait de ce statut, né en 2019. « Depuis ses origines le club de football de Lyon-La Duchère joue un rôle déterminant auprès de ses jeunes dans les domaines de l’insertion professionnelle, de la scolarité, de la santé et de la citoyenneté » avançait le club dans un communiqué. Quatre piliers clairs et établis qui sont au coeur de leur raison d’être et des prises de décision de la direction et des parties prenantes lyonnaises.
Une raison d’être comme boussole
Dès lors, qu’apporte ce statut concrètement dans le quotidien des clubs ? Il agit comme une « boussole » selon les Ciel et Blanc. « Les clubs sportifs professionnels ne sont plus seulement des acteurs sportifs mais aussi des piliers sur leur territoires. Public, entreprises, communautés, collaborateurs, partenaires sont de plus en plus sensibles à l’intégration des axes environnementaux, sociaux ou sociétaux. Cela permet de créer une dynamique d’entreprise englobant chaque partie prenante sur le long terme et de donner de la crédibilité à nos engagements. »
Le TVEC 85 abonde dans le même sens, en mettant l’accent sur le bénévolat, en proie à de grandes difficultés au sein des associations. Le but : « servir la Mission ». « Ce modèle sincère et concret apporte une énergie collaborative et une innovation vitale pour changer le modèle économique des clubs amateurs alors que le bénévolat évolue au fil des générations, pour lesquelles le sens de la mission est de plus en plus fort. »
Au delà du sens apporté par les parties prenantes, le statut de club à mission permet de donner une direction et un cadre vers lequel doit tendre tout le club. Les principales retombées ne sont plus là où elles étaient. « Nous travaillons afin que les réflexions ne soient plus seulement tournées vers le financier mais englobe des choix environnementaux et sociaux » poursuit Alexandre Aubert de l’Aviron Bayonnais.
Elles peuvent, néanmoins, être autres. La semaine dernière, Lyon-La Duchère a reçu le trophée Sport Ethic by Aurores, qui vient récompenser les matchs à thèmes que le club organise lors de ses matchs à domicile, autour de ses quatre piliers socio-éducatifs. Une mise en avant intéressante pour les parties prenantes qui s’engagent autour de la raison d’être du club, et un bénéfice d’image et potentiellement économique, au bout.
Développer un club en 2022, c’est le faire avec beaucoup de sens et d’humanité, de manière responsable. Avec une mission et une raison d’être. Loin d’être utopique, il s’agit aujourd’hui d’une réalité. Gageons qu’elle prenne, demain, de l’ampleur.