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La Formule 1 en fait-elle assez pour le climat ?

La Formule 1 en fait-elle assez pour le climat Ecologie Ecolosport F1
© James Pere
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La saison 2023 de Formule 1 démarre ce week-end, du 3 au 5 mars. La discipline automobile est redevenue très populaire et se targue, dans le même temps, d’être davantage éco-responsable. Est-ce vrai ? En fait-elle assez pour le climat ou s’en fiche t-elle ? Éléments de réponse.

Selon que vous voyez le verre à moitié plein ou à moitié vide, la réponse à la question posée peut être différente. Selon votre sensibilité, aussi et surtout. Pour certains, la Formule 1, reine des sports automobiles, est en pleine transition et fait des efforts chaque année. Pour d’autres, les efforts effectués sont louables mais insuffisants. Enfin, il y a celles et ceux qui interdiraient purement et simplement ces courses, coupables d’émissions de CO2 beaucoup trop importantes.

La Formule 1 en a conscience : la discipline génère trop de CO2 et est considérée comme polluante. Selon la FIA, la F1 émettrait chaque année plus de 250 000 tonnes de CO2, un chiffre dans lequel la venue des spectateurs n’est d’ailleurs pas comptabilisée – pratique ! Alors, depuis quelques années, elle tente de montrer patte blanche verte.

Le verre à moitié plein

Les monoplaces sont hybrides depuis 2014, réduisant donc l’utilisation de carburants polluants. Concrètement, une F1 a trois moteurs : un thermique et deux électriques. Les deux moteurs électriques permettent de convertir en électricité l’énergie cinétique déployée lors du freinage ou les gaz d’échappement. En 2026, de nombreux changements seront apportés aux voitures, les rendant de fait plus sobres. L’énergie générée par les moteurs électriques que nous évoquions sera quasiment triplée.

L’objectif de ces nouvelles F1 sera d’être aussi performantes… avec moins. Concrètement, 160 litres de carburant étaient nécessaires en 2013, puis 100 litres depuis 2020. D’ici 2026, la F1 souhaite n’en utiliser que 70 et ne sera d’ailleurs plus issu de combustibles fossiles. Le biocarburant testé et qui sera utilisé proviendra d’algues, de déchets agricoles et de cultures non-alimentaires cultivées sur des terres impropres à la production alimentaire.

Certains pilotes tentent, en outre, de se mobiliser pour l’environnement. C’est le cas de Lewis Hamilton ou encore de Sebastian Vettel, fraîchement retraité. L’allemand a pris plusieurs fois la parole au sujet de l’impact de la F1 sur l’environnement. Il a aussi organisé quelques ramassages de déchets en marge des Grand-Prix et a agité la cause environnementale comme l’une des raisons de sa retraite sportive, son rythme de vie étant extrêmement polluant et plus en accord avec cette sensibilité pour le climat.

Enfin, d’autres légères initiatives ont été déployées pour rendre les courses plus éco-responsables. La F1 tente de s’appuyer sur les critères environnementaux de la FIA sur les circuits où elle se rend. Elle a interdit la plupart des shows aériens d’avant-course et vise, surtout, la neutralité carbone d’ici 2030, un objectif impossible à tenir sans avoir recours à la compensation carbone, un procédé désormais apparenté à du greenwashing.

La verre à moitié vide

Le greenwashing, tiens ! C’est sûrement le terme qui revient le plus quand on parle aux écolo-friendly des efforts de la F1 sur l’aspect environnemental et de la neutralité carbone voulue par les organisateurs. En effet, la Formule 1 peut faire tous les efforts qu’elle souhaite sur les monoplaces, elle n’agira jamais à plus de 0,7% de l’empreinte carbone de la discipline. La majeure partie de l’impact provient de la logistique (45%) et du déplacements des personnes (27%). Notons tout de même, à nouveau, cette absurdité : le promoteur Liberty Media n’a pas compté le déplacement des fans dans son calcul carbone, s’enlevant une belle épine branche du pied ! Le reste provient des installations des écuries (19%) – qui tentent de faire des efforts pour réduire leur empreinte – et de l’événementiel (7%).

La neutralité carbone souhaitée par la Formule 1 ressemble donc à un mirage, rendu possible uniquement en plantant des arbres et en finançant des programmes pas toujours si vertueux. Surtout, la volonté de neutralité ne peut s’accompagner que d’une réelle volonté de réduction. Et c’est bien ici que le bât blesse. Pour réduire, il faut s’attaquer aux principaux postes impactants : la logistique et le transport, ici. Mais le courage ne semble pas caractériser Liberty Media qui, au lieu de s’attaquer au problème de fond, déploie de plus en plus de courses. En 2000, il y avait 17 Grand-Prix. Leur nombre a été porté à 23 cette année. Pire, des courses au Qatar et en Arabie Saoudite ont été ajoutés au calendrier, à grand coups de pétrodollars. Forcément, le biocarburant en cours de développement prend un grand coup dans l’aile.

Le calendrier mériterait d’être davantage optimisé. Il est en majorité régionalisé : la saison commence globalement au Moyen-Orient, se dirige vers l’Europe, puis vers l’Asie et enfin vers l’Amérique. Mais quelques absurdités subsistent : une course au Canada entre l’Espagne et l’Autriche, une en Australie entre Bahreïn et l’Azerbaïdjan, une au Qatar entre les États-Unis et le Japon… Aussi, alors que les trois courses aux États-Unis auraient pu se suivre à la même période, elles sont dispersés sur le long de la saison, pour des raisons financières (évidemment).

Enfin, il y a l’image et l’influence que dégage la F1, un championnat très « bling-bling » financé par des entreprises très polluantes (Aramco, Shell, Petronas, etc…). Au-delà d’être une plateforme valorisant ces compagnies, la F1 semble aussi définitivement à rebours des enjeux de mobilité actuels : moins de voitures individuelles et de pétrole, plus de transports en commun, de mobilités actives (vélo, marche, etc…) et de sobriété.

Photo à la Une : © James Pere

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