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Série « En Jeux » #4 – Quel impact écologique pour la flamme olympique ?

Quel impact écologique pour la flamme olympique ? Ecologie En Jeux Paris 2024
© Paris 2024 / Cédric Michel / Sipa Press
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Après un passage dans les Outre-mer, la flamme olympique revient en Métropole ce 18 juin. Ses 12 000 kilomètres de parcours se veulent – sur le papier – plus responsables. Qu’en est-il réellement ?

Demain, la Flamme olympique sera de retour en métropole après avoir fait le tour des territoires d’outre-mer. Portée par 10 000 relayeurs, elle parcourt la France, depuis le 8 mai et son arrivée à Marseille, pendant 80 jours pour une arrivée à Paris prévue le 15 juillet. Pour le COJO, qui veut faire de Paris 2024 les Jeux les plus responsables de l’histoire, les 12 000 kilomètres de trajet et la construction de la torche sont un enjeu important.

Sur la symbolique, des efforts incontestables

Parlons tout d’abord de la flamme en elle-même. La production de la torche s’est voulue bas-carbone et a ainsi été fabriquée à partir d’acier 100% recyclé. Si l’on évoque une seule et même flamme, il y a en réalité de nombreuses torches et les raisons sont multiples : besoin de torches de secours, flammes différentes pour chaque relayeur ou à des endroits différents du globe pour assurer son tracé sur l’ensemble du territoire français… Une seule règle d’or : elle ne doit pas être allumée au même moment à deux endroits distincts. 2 000 exemplaires de la torche, « rechargeables et réutilisables plutôt qu’à usage unique », ont ainsi été produits et assemblés en France – contre 10 000 à 12 000 exemplaires habituellement.

En 2012, la flamme était arrivée à Londres en avion, accueillie en trombe sur le tarmac de l’aéroport. Deux éditions plus tard, la flamme a voyagé d’Athènes à Marseille en voilier, à bord du célèbre Belem. Le choix d’un transport bas carbone témoigne d’une symbolique forte. Datant de la fin du XIXème siècle, le Belem est le deuxième plus grand voilier français, et a donc amerri à Marseille le 8 mai dernier, constituant la toute première étape du parcours de la flamme.

Concernant les voiliers, le COJO ne s’est pas arrêté là. Avec son partenaire Banque Populaire, le trimaran « Maxi Banque Populaire » se chargera aussi d’une autre partie du voyage : relier la métropole aux territoires d’Outre-mer. Comme annoncé sur le site officiel, « le « Maxi Banque Populaire XI » se rendra dans six territoires français ultramarins aux quatre coins du monde ».

Parti le 7 juin de Brest, il est arrivé en Guadeloupe le 15 juin, avant de repartir pour la Martinique le lendemain. Hors-métropole, le tracé est d’ailleurs forcément gourmand en énergie fossile. En 5 jours seulement entre le 9 et 13 juin, la flamme est passée en Guyane, en Nouvelle-Calédonie, à la Réunion et en Polynésie française. Il est évidemment impossible que le voilier rejoigne chacune de ces destinations en si peu de temps. Ici réside une partie du problème : alors que le COJO veut laisser penser que la flamme sera acheminée dans les DROM-COM (anciennement DOM-TOM) en voilier, la réalité est forcément tout autre.

Une réalité bien plus nuancée : le voilier, que du vent ?

« En parallèle de la grande traversée du Maxi Banque Populaire XI pour rallier les Antilles, la Flamme Olympique, conservée précieusement et acheminée dans les lanternes, illuminera successivement la Guyane, la Nouvelle-Calédonie, la Réunion et la Polynésie Française » explique Paris 2024. En réalité, donc, ces « lanternes » vont être acheminées dans le reste des DROM-COM en avion. Si cela parait logique au vu des exigences de timing et des distances entre les territoires d’Outre-mer français, le COJO a probablement manqué de transparence sur le sujet, en laissant croire que le voilier fera le tour de ces territoires en transportant la flamme.

Dans son article, le Nouvel Obs a tenté d’interroger le COJO sur ces trajets en avion. Le même avion joindra-t-il les DROM ? Ou bien y-aura-il plusieurs avions au départ de la France ? Nos confrères n’ont pas obtenu de réponses, pas plus qu’Ecolosport.

Le tracé en métropole et la question du convoi automobile

Concernant les trajets sur terre, deux convois automobiles accompagnent la flamme. Le premier s’appelle « engagement » et comporte l’équipe de Paris 2024, les partenaires et une équipe de sécurité : au total il représente une quarantaine de véhicules. Pour les lieux plus difficiles d’accès, le convoi « agile » est composé de deux fois moins de véhicules.

Pour se rendre compte de ce que cela représente, le Nouvel Obs a fait le calcul : les véhicules des convois parcourront en tout l’équivalent de plus de 20 fois le tour de la Terre. Cette distance aurait pu être raccourcie, si le tracé du convoi en voiture avait été plus optimal d’un point de vue écologique – le point d’arrivée de chaque étape n’étant pas le point de départ de l’étape suivante. Néanmoins, pour rassembler et fédérer, la flamme olympique se doit d’être visible un peu partout sur le territoire français.

Enfin, au sein du convoi automobile, certains véhicules partenaires posent problème. En cause ? Les goodies distribués aux spectateurs. En effet, la voiture Coca Cola jette dans la foule des bobs à l’effigie de la marque – à la manière de Cochonou sur le Tour – et distribue des mini-canettes aux spectateurs, par exemple. Pourtant, l’article L541-15-10 du Code de l’Environnement interdit aux professionnels de fournir à un consommateur, sans demande de sa part, un échantillon de produit dans le cadre d’une démarche commerciale. Des goodies par ailleurs polluants et inutiles, qui semblent bien loin de la démarche initiale et encourageante des organisateurs.

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