Chaque semaine et jusqu’à l’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, Ecolosport met en lumière les enjeux écologiques qui règnent autour de l’organisation du plus grand événement du monde.
Entre train, métro et vélo, le défi des transports et de l’accessibilité des sites accueillant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 est immense. Alors que 15 millions de visiteurs seront à Paris cet été, tour d’horizon du plan mobilité des Jeux.
Découvrez les articles de la série « En Jeux »
1 – Le défi de la mobilité pour décarboner Paris 2024
2 – Baignade dans la Seine : où en est-on ?
3 – Et s’il faisait 40 degrés pendant les Jeux ?
4 – Quel impact écologique pour la flamme olympique ?
5 – Offres végétariennes, provenance, emballages : la Food Vision de Paris 2024
6 – Avec Le Coq Sportif et Decathlon, Paris 2024 veut du Made in France
7 – Paris 2024 navigue entre sponsoring responsable et greenwashing
En 2017, lors de la candidature de Paris pour accueillir les Jeux olympiques et paralympiques en 2024, un argument a notamment fait pencher la balance : devenir les premiers JO 100% accessibles en transports en commun, à pied ou en vélo. Réaliser des Jeux dits « les plus verts » passe en effet par cet effort, les transports représentant le premier secteur d’émissions dans un évènement de la sorte, après la construction des infrastructures. Pour 2024, le COJOP vise une part des transports à hauteur de 40% du bilan carbone total. À 2 mois des JO, où en est-on, côté mobilité ?
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Le train, moyen de locomotion essentiel
Durant les Jeux, 15 millions de visiteurs sont attendus en région parisienne. Si le recours massif à l’avion semble inévitable pour celles et ceux qui viennent de loin, la SNCF s’attend à ce que le train soit privilégié par de nombreux spectateurs. L’entreprise devrait connaître une pression supplémentaire puisque de nombreuses épreuves ont lieu dans d’autres villes françaises et que les prix excessifs du logement dans la capitale éloigne certains d’entre eux. Avoir une location à Reims ou Le Mans peut en effet être une alternative intéressante, le trajet reliant Paris se faisant en moins d’une heure.
La SNCF est devenue « Supporter officiel » des Jeux et a entrepris des travaux conséquents pour répondre à l’affluence attendue. La série « À vos marques » de la compagnie tente de rassurer le public en présentant les avancées. Elle y décrit entre autres le « plus grand chantier d’Europe », entamé en février, qui concerne le remplacement de 43 aiguillages en Gare du Nord.
Néanmoins, l’inquiétude subsiste. La SNCF n’alignera pas de rames supplémentaires, l’ensemble des rames étant déjà toutes utilisées durant la période pleine qu’est l’été. De plus, certains projets prévus pour 2024 ne seront finalement pas achevés. C’est le cas du nouveau TGV M, qui ne verra le jour qu’en 2025, ou encore du CDG express, nouvelle ligne censée relier l’aéroport international à la gare de l’Est, au centre de Paris.
Dans son rapport « Viser le vert : Evaluation de la stratégie climat et de la communication des jeux olympiques de Paris 2024 », l’ONG Carbon Market Watch regrette une stratégie climat concernant la mobilité « incomplète et/ou peu claire ». Extrait : « Le comité d’organisation prévoit d' »encourager », de « recommander » ou d' »inviter » les visiteurs à prendre le train, sans expliquer exactement comment il le fera. Les actions étant purement informatives, elles n’auront probablement qu’un impact mineur et difficilement mesurable sur les émissions de GES. »
La mobilité en Ile-de-France et la désillusion de la gratuité
Dans le dossier de candidature, la France promettait la gratuité des transports en commun pour chaque spectateur muni d’un billet pour une épreuve, afin d’éviter l’encombrement sur les routes et les parkings. Comme le disait le président de Paris 2024, Tony Estanguet au Parisien : « Si on ne veut pas que ces Jeux impactent la planète, il est indispensable d’inciter les spectateurs à utiliser des modes de déplacement à faible impact. » Cette promesse n’est cependant plus d’actualité, les prix unitaires des tickets de métro ayant même doublé, à l’initiative de la Région Ile-de-France…
De son côté, la RATP a fait des ajustements pour être prêt le jour J et pour répondre au défi du volume d’usagers. La capacité de certaines lignes seront augmentées, comme c’est le cas par exemple des RER A et C. Le trafic sera réhaussé de 23% sur huit autres lignes, et 300 nouveaux conducteurs environ ont été recrutés. Des navettes seront aussi ajoutées sur les sites d’épreuves non desservis par une gare ou un arrêt.
Pour guider les visiteurs et franciliens dans leurs trajets, l’application Transports Public Paris 2024 a été développée en 6 langues. Cette dernière proposera en temps réel le trajet le plus rapide en prenant en compte l’affluence dans les stations et proposera des trajets alternatifs s’il y a encombrement dans l’une d’elles.
Le vélo et les Olympistes comme solution à l’encombrement des transports en commun
Paris 2024 s’est voulu novateur sur un autre point : devenir les premiers JOP de l’histoire 100% cyclables. Cela représente au total 72km de voies isolées du trafic motorisé par des murets construits en dur ou des potelés provisoires. En conséquence, 10 000 supports de stationnement de vélos seront installés près des sites, et le parc de Vélib sera agrandi de 3 000 vélos supplémentaires, un chiffre relativement faible. Il sera aussi possible pour les visiteurs de se déplacer en vélos à assistance électrique s’ils préfèrent, en sollicitant l’organisme privé Veligo.
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Seul bâton dans les roues jusqu’ici : l’Etat a refusé en avril la création d’une piste entre la porte de la Chapelle et le Stade de France pour des raisons de capacités routières, mettant donc en péril l’engagement des 100% cyclables.
Une autre partie de l’équation : la mobilité des athlètes
Selon le COJOP, 8% des émissions des Jeux proviendront des déplacements des athlètes et des délégations. Là aussi, le Comité a tenté de décarboner ces trajets. Pour y contribuer, 85% des athlètes seront logés à moins de 30 minutes des sites d’épreuves, réduisant les distances et donc les émissions. La flotte de véhicules assurant les déplacements sera elle aussi bas-carbone, avec des bus et 2 700 voitures électriques qui navigueront sur les 185 km de voiries sécurisées pour l’occasion.
Certaines autres fédérations jouent aussi le jeu : en l’occurrence, les délégations britanniques, néerlandaises et belges ont déjà promis de faire le déplacement jusqu’à Paris en train.
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