À l’occasion des demi-finales de Top 14 qui ont lieu ce week-end, Ecolosport se penche sur les engagements environnementaux des 4 demi-finalistes : le Castres Olympique, le Montpellier HR, l’Union Bordeaux-Bègles et le Stade Toulousain.
Le rugby français s’active depuis plusieurs années sur les sujets de développement durable et de RSE. Certains clubs, de Top 14 ou de Pro D2, font figure d’exemples en la matière, comme Toulon, Bayonne ou Montpellier.
Montpellier, justement, 2ème de la phase régulière, va disputer sa demi-finale de Top 14 face à Bordeaux-Bègles, samedi 18 juin. La veille, le Castres Olympique, premier du championnat, affrontera son rival, le Stade Toulousain. L’occasion pour Ecolosport de faire un point sur les engagements environnementaux de ces quatre clubs.
Castres Olympique : les déchets comme priorité
Véritable moteur sur son territoire, le club est très impliqué sur les actions sociétales, à travers différents programmes. Convaincu de la nécessité d’améliorer son impact environnemental, le CO commence à structurer sa démarche.
Le tri et la réduction des déchets sont au coeur des préoccupations du club tarnais. Le Castres Olympique a intensifié il y a peu, avec le concours de la Communauté d’Agglomération Castres-Mazamet (CACM), sa campagne pour le tri des déchets au Stade Pierre Fabre. Les jours de matchs, différents bacs de collecte sont disposés et des agents de la CACM sensibilisent les supporters sur les bonnes pratiques. Une campagne de communication a aussi été lancée autour de la phrase « Ici, ici, on fait le tri », qui succède au « A m’en donné, faut trier ». Le club collecte et valorise aussi les mégots au stade, avec Valomego, la solution d’un partenaire du club, Conseils Services Environnement. L’effectif pro et le centre de formation ont été mobilisés pour cette initiative. Au siège du club, des efforts sont aussi effectués pour un meilleur tri des déchets papiers et plastiques, et des gourdes ont été distribués aux salariés, avec la mise en place d’une fontaine à eau.
Le Castres Olympique a aussi pris quelques autres engagements pour réduire le nombre de déchets : mise en place d’ecocups et dématérialisation du magazine de match, utilisation de papier recyclé lorsque c’est possible… Le centre d’entrainement du Lévézou aspire aussi à la réduction de ses détritus : gourdes, fontaines à eau et contenants réutilisables sont prévus dès la saison prochaine.
Sur le plan de la mobilité, le CO souhaite développer l’accès de son antre aux deux-roues. Des parkings à vélo ont été mis en place par la Ville de Castres aux abords du stade. La municipalité castraise s’est d’ailleurs appuyé sur les joueurs du CO pour sensibiliser ses habitants à l’utilisation du vélo, lors de Mai à Vélo (voir vidéo ci-dessous). Enfin, la pelouse du Stade Pierre-Fabre est gérée par la ville sans produits phytosanitaires.
Stade Toulousain : un « Green Stadium » pour ambition
Fort d’une stratégie RSE orientée autour de sept piliers majeurs, le Stade Toulousain se veut acteur et club de rugby engagé. Grandement impliqué dans les questions sociétales telles que la santé (Programme Sport & Cancer) ou l’exclusion et l’isolement social (avec Ovale Citoyen), le Stade porte un intérêt particulier à l’éco-responsabilité et à d’ores et déjà mis en place un certain nombres d’actions en faveur de l’environnement. Tout d’abord, le Stade Toulousain a réalisé pour la première fois, en 2022, sa mesure d’empreinte carbone afin d’avoir une vision nette de l’impact environnemental de son activité et de détecter les postes d’émissions conséquents.
Au niveau du Stade Ernest Wallon, le club s’est lancé dans une démarche de « Green Stadium ». Pour cela, plusieurs actions sont menées telles que la mise en place d’un partenariat pour entretenir la pelouse du stade avec des fertilisants et biostimulants d’origine naturelle. L’enceinte du club toulousain a également entrepris une opération de collecte des mégots lors des matchs en installant, avec Veolia et écoMegot, une quarantaine de cendriers autour et dans le stade. Une fois récupéré, les mégots sont recyclés pour être réutilisés dans d’autres usages. Afin d’encourager l’économie locale et la biodiversité, le club a installé six ruches sur le toit du Stade Ernest Wallon et se fait approvisionner en fruits et légumes de la région Occitanie.
Sur la mobilité, le Stade Toulousain encourage ses supporters à se déplacer en vélo. Le Stade Toulousain a également pris des engagements afin de lutter contre les déchets. Pour lutter contre le gaspillage alimentaire, le ST réalise des dons à des associations les jours de matchs. Le club limite ses déchets plastiques en favorisant l’utilisation de gourdes par les joueurs au lieu de gobelets/bouteilles en plastiques, des écocups sont également mis à disposition, et des ramassages de déchets avec plusieurs partenaires sont organisés 2 à 3 fois par an.
Concernant les questions énergétiques, le club le plus titré de Top 14 a également signé un contrat pour l’ensemble de son complexe avec Engie, producteur national d’énergies. Dans ce même objectif, tous les projecteurs extérieurs du terrain d’entraînement et des deux terrains synthétiques sont passés en éclairage LED. Plus généralement, le Stade Toulousain est actionnaire de Time for the Planet, initiative visant à créer et financer des entreprises luttant contre le dérèglement climatique. Le club ne compte pas s’arrêter là et continue de mener des réflexions, sur l’éco-conception de leur maillot de rugby et l’amélioration des systèmes de la gestion de l’eau et du solaire, par exemple.
Montpellier Hérault Rugby : la solidarité comme leitmotiv
Le MHR est l’un des clubs les plus structurés et avancés du championnat dans la démarche RSE. En 2012, il devenait d’ailleurs le 1er club de Top 14 a lancé un Fonds de dotation, rebaptisé « MHR Solidaire » il y a peu. Depuis, le club de l’Hérault multiplie les actions RSE et notamment environnementales, qu’Ecolosport prend plaisir à relayer à chaque fois, qu’il s’agisse des journées de dépollution du Lez, du partenariat avec Project Rescue Ocean, des 8.000 drapeaux éco-conçus et récupérés après les matchs, ou encore du Défi des Cistes et des Usapistes.
Le club de Montpellier a effectivement mis, lors de cette saison 2021-22, le halo sur l’environnement. Au delà du Défi des Cistes, une course cycliste solidaire au profit, cette saison, de la cause verte, le club a entrepris un appel à projets pour soutenir les initiatives vertes. Un dîner de gala a été organisé fin 2021 pour récolter des fonds à destination des projets environnementaux retenus : 94 054€ ont été récolté ce soir-là.
Le MHR fait aussi partie des 41 signataires de la nouvelle Charte des 15 engagements éco-responsables du Ministère des Sports et du WWF. Avec le RC Toulon, c’est l’un des deux seuls clubs de Top 14 à avoir signer ce nouveau document, plus contraignant.
Le club et son « MHR Solidaire » se démultiplient aussi pour réduire leur propre empreinte environnementale. En interne, tous les salariés du club (joueurs, salariés administratifs) ont été dotés de gourdes, avec des fontaines à eau à disposition pour réduire l’utilisation de plastique à usage unique. Ces mêmes salariés sont aussi incités au tri et au recyclage des déchets dans les bureaux. Les jours de match, le club donne les invendus alimentaires à des associations locales, et offre une boisson (sans alcool) aux supporters qui viennent à vélo au stade. Le complexe Yves du Manoir a par ailleurs accueilli deux ruches récemment. Enfin, le club projette d’élargir le parc à vélo devant le GGL Stadium et de recycler la panneautique et les supports de communication qui ne sont plus utilisés au stade, avec Silibiliz.
Union Bordeaux-Bègles : la démonstration par l’exemple
L’Union Bordeaux Bègles a structuré sa démarche RSE il y a un peu plus de deux ans, en lançant son programme Cœur de Rugby. L’environnement y tient une place particulière aux côtés du rugby amateur, de la solidarité et de l’éducation, les trois autres piliers clés du club. Très attaché à son territoire, le club girondin veut mettre sa notoriété au service de son écosystème et des causes qui lui sont chères. Côté environnement, le club a décidé dans un premier temps de se concentrer sur deux sujets : le centre d’entraînement CEVA et l’organisation plus responsable de ses matchs à domicile. Dans le cadre d’un appui conseil RSE-AFDAS mené la saison dernière, le club a ainsi pu réaliser un état des lieux et se doter d’un plan d’action pour les trois prochaines saisons. La volonté du club est de se montrer exemplaire et d’entraîner avec lui ses parties prenantes au sens large.
Au centre d’entraînement, grâce aux relais au sein de l’effectif de Rémi Lamerat et Clément Maynadier, les bouteilles d’eau ont été supprimées au profit de gourdes afin de diminuer l’utilisation du plastique sur le site et d’engager les joueurs dans cet effort collectif. Un travail sur la gestion des déchets a été initié afin d’une part de les diminuer et d’autre part de mieux les valoriser. Ce travail a débuté du côté de la restauration du centre afin de limiter le gaspillage alimentaire, de réduire l’empreinte environnementale des repas et de créer un compost utile à la gestion des espaces verts. Le tri sélectif a aussi été mis en place sur l’ensemble du site, tout comme un parking mobilité douce pour encourager joueurs, membres du staff et administratifs à valoriser d’autres modes de transport que la voiture individuelle. A terme, le club souhaite réaliser un bilan de ses émissions de gaz à effets de serre.
Côté Stade Chaban-Delmas, depuis plusieurs années, le club utilise le cadre de la Charte des 15 engagements afin de s’engager dans une organisation plus responsable. Des efforts ont été réalisés sur les animations, la gestion des buvettes et les produits proposés au niveau des hospitalités. Des projets autour de la biodiversité sont menés en collaboration avec la mairie de Bordeaux, propriétaire des lieux. Le club de Top 14 ambitionne de signer la Charte au cours de l’année prochaine une fois les 15 engagements réalisés et s’impose des obligations de résultats. Conscient que le club doit encore progresser et se transformer afin de répondre aux enjeux climatiques de demain, ce dernier travaille en collaboration avec l’ensemble de son écosystème pour trouver les synergies locales nécessaires à un plan d’action efficace et durable.
Par Michaël Ferrisi, Anaée Droubay, Meriem Benyoucef et Delphine Benoit-Mayoux.