Le projet RE’FLY vise à donner une seconde vie aux équipements de parapente usagés par la mise en place d’une chaîne de récupération, afin de les réutiliser ou les recycler.
Le projet RE’FLY a deux grands intérêts : rendre la pratique sportive durable en responsabilisant ses acteurs : pratiquants, industriels et distributeurs ; et démontrer la viabilité économique d’un modèle de recyclage s’appliquant à de faibles volumes.
En décembre 2018, Michel Joulot a lancé une première étude de faisabilité technique et économique pour recycler des voiles de parapente usagées en composants plastiques pouvant être utilisés dans des équipements de parapente. Cette première étape du projet RE’FLY s’est faite en collaboration avec les sociétés SUPAIR, fabricants d’équipements de parapente, et CYCL-ADD, plasturgiste spécialisé dans l’utilisation de matériaux recyclés, en partenariat avec la Fédération Française de Vol Libre (FFVL) et avec le support financier de l’ADEME, dans le cadre d’un appel à projet INNOV’R de la Région Auvergne Rhône Alpes.
Les conclusions de cette étude de faisabilité ont été positives. En effet, les premiers prototypes de plateaux de sellette de parapente faits à partir d’un broyage grossier de quelques voiles, ont bien répondu aux caractéristiques visées en termes de souplesse, de poids et de coût.
La plateforme des structures de réemploi-recyclage
La loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire prévoit l’extension de la Responsabilité Elargie du Producteur (REP) aux articles de sport à partir de janvier 2022. Ce cadre législatif de la REP oblige les producteurs ou importateurs à prendre en charge la fin de vie des produits qu’ils ont mis sur le marché français. Ils peuvent le faire de manière individuelle, ou collective dans le cadre d’un éco-organisme auquel ils adhèrent et versent des contributions.
« Cette nouvelle législation nous donne l’opportunité d’impliquer l’ensemble des acteurs de l’écosystème du vol libre dans un projet global, où se rejoignent les attentes des pilotes, les volontés des fabricants et distributeurs, et toutes les initiatives existantes ou futures pour réutiliser ou recycler du matériel usagé. Mais mettre en place une chaine de collecte des équipements obsolètes pour à la fin les incinérer avec des déchets ménagers ne présente pas d’intérêt majeur pour motiver la filière. La priorité est donc de s’assurer que l’on a bien des exutoires pour réutiliser ou recycler ces équipements ».
Michel Joulot.
Dans la suite du projet Re’Fly, la FFVL a lancé un projet pour cartographier des structures de réemploi-recyclage, et permettre ainsi la mise en relation des pratiquants désireux de donner leur matériel obsolète avec des structures qui seraient à même de les réutiliser pour en faire des sacs, des objets de décoration ou de bricolage, des jeux, etc.
Où en est le projet ? Quel sera le processus ?
La prochaine étape sera d’identifier les structures existantes et d’estimer les volumes réutilisables sur les 10 à 15 tonnes par an de matériel obsolète généré (parapentes, deltas, parachutes de secours) : avant de débuter une collecte de ce matériel, il faut s’assurer des débouchés possibles.
Cette base de données des structures (privées ou associatives) à même de recycler ou de réutiliser du matériel de parapente sera disponible sur le site internet de la FFVL sous la forme d’une carte accessible à tout licencié qui souhaite donner son matériel obsolète.
Afin d’assurer le suivi de la procédure du transfert de matériel et sa finalité d’usage, la FFVL invite les clubs et comités départementaux à désigner un référent recyclage au sein de leur équipe et à compléter un formulaire pour chaque structure de recyclage. Par leur ancrage local, ces acteurs sont le meilleur relai entre le sportif désireux de donner son matériel obsolète et la structure de réemploi-recyclage.
C’est par ce cheminement, que la base de données FFVL des structures de recyclage-réemploi se complètera au fil des années. Les informations collectées permettront aux sportifs relayant leur voile ou matériel obsolètes de savoir où ils partent, pour quel type de projet, et de donner du sens à son geste.
Quelles sont les perspectives d’évolution du projet ?
A terme, cette plateforme a pour vocation d’être ouverte à tous les types de matériels rentrant dans le cadre de la FFVL (voile, sellette, parachute, kite, cerf-volant, casque, radio…) et s’étoffera de façon progressive au fur et à mesure. On peut aussi facilement imaginer qu’un schéma similaire pourra s’appliquer demain à d’autres sports, non sports de masse, et pour lesquels la pratique s’organise autour de clubs, comme le parachutisme par exemple.
Enfin, selon le cahier des charges à venir pour la mise en œuvre de la REP pour les articles de sport, il pourra être envisagé de mettre à contribution les metteurs sur le marché (producteurs ou importateurs) pour financer des coûts logistiques de collecte, ou de nouveaux projets de recyclage via une structure associative assurant le rôle d’éco-organisme.
Ce projet français de recyclage du matériel de vol libre qui devient maintenant concret et d’envergure nationale est un réel exemple d’économie circulaire et de collaboration solidaire appliquées au monde sportif.