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Axel Carion (BikingMan) : « Mon engagement est de mettre les gens dehors ! »

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Explorateur-aventurier français et fondateur du championnat du monde d’ultracyclisme, le BikingMan, Axel Carion est un grand passionné de vélo, du « voyage métabolique » et du dépassement de soi. Entretien.

Axel Carion, comment avez-vous découvert l’ultracyclisme ou plus communément appelé le bikepacking? Pouvez-vous nous dire quelques mots sur cette pratique de plus en plus répandue ?

Axel Carion : Ce que l’on appelle l’ultracyclisme, je l’ai découvert par la voie du voyage. J’ai un adage, que j’utilise de temps en temps, pour décrire ce que je fais : « les exploits d’aujourd’hui, c’est le quotidien d’hier ». Pourquoi ? Parce que l’ultracyclisme c’est un peu, je pense, un phénomène de mode. En tout cas, c’est en train de se populariser. A l’époque où j’ai commencé le vélo, il y a dix ans, j’ai commencé de manière un peu sauvage. Je suis parti avec deux amis qui traversaient l’Europe de l’Est en vélo, le but était de faire 1200 km en dix jours, avec une traversée des Carpates, de la Slovaquie jusqu’à la Moldavie, avec un vélo chargé de 45 kilos de matériel.

Est-ce qu’à l’époque c’était appelé ultracyclisme ? Non. Pourtant, ça en avait tous les codes puisqu’on pédalait de l’aube au crépuscule et qu’il fallait gérer son alimentation, son orientation, où dormir et toutes les galères mécaniques. Par le voyage, j’ai commencé ce que l’on appelle de l’ultracyclisme et de l’ultradistance, bien qu’à l’époque, ce ne soit pas reconnu comme tel.

A quel moment est apparue cette notion d’ultracyclisme alors selon vous ?

Axel Carion : En fait, elle est assez ancienne. Ça nous vient, comme beaucoup de choses, des Etats-Unis. Dans l’ultracyclisme, il y a deux types de grandes pratiques qui se sont développées. La première, la plus ancienne, c’est celle qui consiste à pédaler le plus longtemps possible, le plus vite possible, avec une assistance motorisée. Il n’y a pas du tout de notion d’orientation, de gestion de l’alimentation, et de gestion personnelle de l’effort. Vous êtes une machine avec une équipe tout autour de vous. Cet ultracyclisme avec assistance nous vient de la Race Across America, la course la plus populaire. Mais cette pratique correspond à un sport des années 90, où l’on se moque de l’empreinte carbone de sa pratique. Aujourd’hui, d’un point de vue écologique, c’est un peu anachronique de faire ça.

Axel Carion BikingMan Ecolosport

Cette pratique s’oppose donc à celle dont j’espère être un des plus vifs ambassadeurs : l’ultracyclisme format BikingMan, c’est-à-dire sans assistance, avec une gestion personnelle de l’alimentation, de l’hydratation, de l’orientation, de les réparations et de la gestion de son effort. Quelque part, vous êtes seul avec vous-même pour pouvoir progresser. Il n’y a pas d’assistance externe.

Le 10 février dernier, vous vous êtes lancé dans un nouveau défi, accompagné d’un ami journaliste, Cédric FERREIRA : réaliser un Tour de France chez l’habitant, à vélo. Comment vous est venue l’idée de cette traversée, « La belle évasion », et ce, en pleine pandémie du covid-19 ? Quels en étaient les objectifs ?

Axel Carion : Habituellement, je partage ma vie entre les compétitions BikingMan que j’organise et les expéditions que je mène. Je vais sur des trails mythiques ou bien à la rencontre de cultures qui me fascinent. Ce sont mes deux activités principales.

Avec la pandémie du Covid-19 et la menace d’un troisième confinement en février, j’ai dit à mon ami Cédric que s’il n’y a pas de confinement, il fallait faire quelque chose ! En ce moment, on nous abonde de mauvaises nouvelles, en permanence. C’est quelque chose qui ne me rend pas anxieux mais qui me rend triste. L’appareil médiatique se focalise à mon sens uniquement sur les exactions des humains plutôt que sur ceux qui partagent de bonnes nouvelles. Alors, je me suis dit que le média, ça pouvait être nous ! Et la bonne humeur, on va la partager !

Quand je suis à vélo, je suis heureux. C’est mon moyen de partager avec les gens. J’avais toujours rêvé de faire le Tour de France à vélo mais je ne l’avais jamais fait. Quand j’ai compris que le troisième confinement n’aurait pas lieu en février, je me suis dit qu’il fallait foncer, qu’il fallait y aller ! Et j’ai suggéré à mon ami Cédric l’idée d’aller dormir chez l’habitant, en sollicitant mes abonnés, dans le but de créer une résonance entre les nouvelles négatives et la réalité du terrain, et pour partager de la bonne humeur avec les gens qui croient en l’avenir de l’humanité. Ce sont toutes ces motivations qui m’ont poussé à me lancer sur les routes, à corps perdu, en respectant bien sûr les règles du jeu, c’est-à-dire le couvre-feu. Cela donnait aussi un caractère excitant à l’expédition parce qu’on n’avait que de 6h00 à 18h00 pour pédaler et qu’on ne savait pas où est ce qu’on allait dormir le soir.

Honnêtement, je ne pensais pas que ça allait aboutir sur quoi que ce soit, mis à part des galères de bivouac chez des gens qui refuseraient de nous recevoir tous les soirs. C’est finalement l’inverse qui s’est produit. Il y a eu trop de monde. Plus de 120 personnes ont répondu en quelques heures à l’appel que j’avais envoyé sur les réseaux sociaux. Nous avons finalement dû regarder où habitaient tous ces gens pour savoir quel sens nous allions prendre, tout en sachant que nous n’avions ni carte ni planning. Nous savions juste où nous allions pour la première étape. Pour le reste, ce n’était que des « sauts de puce » entre les hôtes.

Qu’avez vous globalement pensé de l’accueil des Français durant votre périple de 20 jours ?

Axel Carion : Il est excellent, il est gastronomique, il est chaleureux ! Et il est plein d’espoir surtout ! J’ai rencontré plein de gens différents : des professeurs, des responsables maintenance d’une usine, des boulangers, des responsables d’un magasin de vélo, des vignerons… Il y a une énergie propre à la France et je pense en faire partie. J’en ai un peu marre, aujourd’hui, qu’on me dise qu’on est tout le temps les derniers, alors que je vois des forces vives partout. Si on rassemble ces forces vives de manière positive, nous pourrions faire quelque chose pour nous démarquer. En tout cas, je l’ai bien ressenti au quotidien, et ça a été de superbes rencontres.

Le trait d’union de cette expédition, c’était le vélo. Les gens me suivaient directement sur les réseaux sociaux ou suivaient le BikingMan, parfois les deux.

Sensible aux enjeux de transition écologique, de solidarité et de mobilité douce, comment se traduisent vos différents engagements au quotidien ?

Axel Carion : Je dirais que la cause que je défends sans l’appeler cause et sans l’appeler engagement, c’est celle de ralentir le monde des humains. Ma mission aujourd’hui est de tenter de ralentir la planète des hommes, de mettre les gens sur des vélos, en tout cas qu’ils utilisent leur force musculaire pour se déplacer et se mouvoir.

Le BikingMan est finalement une mission déguisée pour mettre des gens dehors, sur des vélos, dans des conditions d’exploration abominables. Le but n’est pas qu’après cela, ils viennent consommer à nouveau de manière illimitée, mais au contraire qu’ils se disent : « Punaise ! Là, je me suis retrouvé avec le minimum et c’est une expérience qui m’a transcendé, qui m’a beaucoup aidé. Je vais agir différemment et individuellement au quotidien. »

L’une des réponses que j’essaie ainsi de véhiculer, c’est celui du rapport musculaire et métabolique aux choses, un voyage métabolique où l’on va utiliser son corps comme moyen de déplacement. Le métabolisme, c’est le rapport à la transformation. Cela va transformer notre rapport au monde. Il faut plonger les gens dans l’expérience, qu’ils se rendent compte de ce qu’ils font. Mon engagement, c’est de mettre les gens dehors !

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