Ce dimanche 10 novembre, 40 skippers prendront le départ de la 10ème édition du Vendée Globe. Parmi eux, au moins 6 tentent d’allier performance sportive et engagements écologiques. Tour d’horizon.
Pile ou face ? Côté pile, l’organisation du Vendée Globe, à travers les 10 engagements environnementaux pris en février dernier, tente de faire sa mutation écologique, conscient de son lourd impact. Elle a aussi demandé à 25 skippers d’embarquer du matériel scientifique pour collecter de précieuses données sur les océans. Côté face, on tente de démontrer la plateforme de greenwashing qu’est devenue la course. Le collectif La Vague, mené par l’ancien skipper Stan Thuret, pointe du doigt les sponsors aux activités polluantes qui soutiennent aussi bien les bateaux que l’organisation, et le manque d’efforts sur la réduction du CO2 émis par les nouveaux bateaux des marins.
Parmi eux, certains tentent d’allier la recherche de performance sportive sur ce nouveau tour du monde à la voile, avec des engagements écologiques plus ou moins importants. Ecolosport a sélectionné 6 projets, 6 skippers. Aucun d’entre eux n’a de bateau neuf.
1 – Conrad Colman (MS Amlin)
Il est le seul à tenter le Vendée Globe sans énergie fossile. Si vous découvrez cette information, sachez que tous les skippers embarquent un moteur diesel en course, pas pour faire avancer le bateau mais pour générer l’énergie nécessaire au bon fonctionnement des outils à bord. Le néo-zélandais, à qui nous avons donné la parole cet été, n’est pas de ceux-là. En 2016, il est devenu le premier skipper à terminer le Vendée Globe sans escale et sans énergie fossile. Il compte bien réitérer cette performance cette année, grâce à un dispositif énergétique 100% renouvelable. Il embarquera aussi des voiles recyclables à bord de son bateau, qui date de 2007. L’écart est tel avec les bateaux nouvelle génération, qu’il n’a aucune chance de gagner la course. Qu’importe, l’essentiel est ailleurs.
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2 – Fabrice Amedeo (Nexans-Wewise)
En 2020 déjà, Fabrice Amedeo ne courait pas que pour courir, il courait avec un solide projet scientifique. Journaliste devenu skipper professionnel, Fabrice Amedeo se mouille pour l’environnement et repartira à bord d’un bateau qui est tout autant un laboratoire avec 3 dispositifs. Le premier va mesurer le CO2, la salinité et de la température de l’eau. Le deuxième doit permettre de mesurer la présence de microplastiques dans les mers du Sud, peu explorées. Le troisième vise à cartographier les organismes marins en collectant l’ADN qu’ils relâchent dans les océans. Enfin, Amedeo embarquera 16 bouées dérivantes pour étudier les courants et la pollution plastique. Sacré programme.
3 – Paul Meilhat (Biotherm)
« On est face à une problématique mondiale ». Engagé auprès de l’ONG Surfrider Foundation ou de la Fondation Tara Ocean, Paul Meilhat le sait bien : la planète est en danger. Il est l’un des marins les plus engagés sur ces questions. À terre, il n’hésite pas à sensibiliser les enfants à travers L’Échappée Bleue. En mer, il endosse un autre ciré, celui de scientifique – ou presque. Durant le Vendée Globe 2024, il mènera un programme de recherche à bord de son IMOCA Biotherm, en embarquant un microscope pour photographier le plancton. Les images seront ensuite analysées en laboratoire.
4 – Benjamin Dutreux (Guyot Environnement – Water Family)
Ambassadeur de la Water Family, Benjamin Dutreux a lancé avec son sponsor Guyot Environnement, une école de la forêt aux Sables d’Olonnes. Le lien avec les océans sur lesquels il vogue ne se fait pas tout de suite. Et pourtant… « La forêt, c’est aussi important pour se ressourcer, observer les oiseaux… Pour moi, c’est le même environnement, c’est juste la couleur qui est différente » expliquait-il à Ouest-France. Dutreux embarquera aussi du matériel scientifique sur son bateau, et s’est donné pour mission d’éduquer à la préservation de l’eau, de notre santé et de l’ensemble du vivant.
5 – Sam Goodchild (Vulnerable)
Team For The Planet, vous connaissez, n’est-ce pas ? Sans débourser 1€, l’entreprise à but non lucratif va s’afficher en grand sur les voiles du bateau de Sam Goodchild. L’objectif : contribuer à augmenter le nombre d’associés au fonds, qui en vise 250 000 d’ici 2025. « Plus je serai performant, plus Team For the Planet sera mis en avant afin de mobiliser un maximum de personnes à devenir actionnaires de Team For The Planet et donc d’accompagner des innovations en matière de protection de l’environnement » explique le skipper anglais. TFTP vise 100 innovations. Le skipper la meilleure des performances.
6 – Arnaud Boissières (La Mie Câline)
L’énergie est au coeur du projet d’Arnaud Boissières. Sur son IMOCA, le Bordelais de naissance souhaite laisser le moins de trace possible sur l’océan. Il sera le premier skipper à prendre part au Vendée Globe avec de l’hydrogène vert – 18 litres pour être précis – fabriqué en Vendée, où il réside. L’objectif : compléter son mix d’énergies renouvelables déjà fournis en panneaux solaires, hydro-générateurs et éolienne et, grâce à cette électricité décarbonée, utiliser le moins possible son moteur thermique.
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