Environ 80% de l’empreinte carbone d’un événement sportif est lié aux transports des spectateurs. Une problématique majeure qui doit amener à un certain nombre d’évolutions. De multiples solutions existent pour réduire ces émissions. Parmi elles : les transports en commun. Troisième et dernier épisode de notre série « Mobilités ».
Le collectif. Au coeur de bien des pratiques sportives, le collectif est tout aussi important dans la transition écologique. Créer des collaborations, partager des outils, mutualiser des solutions, comme les transports. Quand il s’agit de décarboner un événement, les transports collectifs ou transports en commun sont incontournables, surtout pour les grands événements sportifs français. Matchs au Stade de France, Coupe du Monde de rugby, 24 heures du Mans, Tour de France, les grands événements sportifs internationaux (GESI) ne peuvent se désintéresser du rail pour décarboner leur organisation.
L’organisation de la coupe du monde de rugby France 2023 l’avait bien compris et a développé un étroit partenariat avec la SNCF pour embarquer les joueurs à bord des trains pour leurs déplacements en France, et faciliter la venue des 2,5 millions de visiteurs attendus dans les villes-hôtes. Le dispositif a permis de « contribuer au succès de cette compétition et réduire significativement son empreinte carbone », selon le Président de France 2023, Jean-Pierre Farandou.
Le train est un enjeu fort pour les spectateurs, et pour d’autres raisons, plus symboliques, pour les sportif(ve)s. Le transport des équipes et des athlètes ne représentent pas la majeure partie de l’impact carbone d’un événement, il est même minime. Mais en termes d’exemplarité, il l’est tout autant, sinon plus. Pour la Coupe du Monde de rugby, 80% des trajets des équipes et de leur matériel étaient pris en charge par les services de la SNCF.
Suite à ses déboires médiatiques et le char-à-voile-gate, le PSG a travaillé avec la Société nationale de chemin de fer pour rendre possible le transport en train de son équipe. En vain, pour le moment. La FFF essaie aussi de mettre ses Bleu(e)s sur les rails, sans grand succès non plus. En tout état de cause, la SNCF a aussi de nombreux progrès à effectuer pour contribuer à sortir le sport des airs. Et cela ne semble pas toujours être leur priorité.
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Les TER, la pierre angulaire
Pour nombre d’événements qui n’ont pas lieu à Paris, l’utilisation des trains régionaux est très stratégique. L’interlocuteur n’est plus la SNCF : ce sont les Régions qui ont la gestion des TER, ce qui facilite aussi les négociations. Du côté du Vendée Globe, on s’appuie justement sur le rail pour décarboner : « Nous avons adapté l’offre ferroviaire. Nous avons ajouté des trains, adapté les horaires à ceux du village, et créé de nouvelles liaisons notamment entre Bordeaux et Les Sables d’Olonne » nous précise le Président du Vendée Globe, Alain Leboeuf.
Pour décarboner le sport amateur occitan, la Région Occitanie avait tenté le TER à 1€ pour les licenciés des clubs sportifs amateurs. Un moyen de limiter autant les coûts pour les associations sportives, que les émissions de CO2 générées par les compétitions.
Enfin, le Tour de France s’appuie aussi beaucoup sur ces trains régionaux, alors que l’événement se déplace dans tout l’hexagone. « En 2024, nous avions des offres spécifiques Tour de France – sur la journée, sur 7 jours ou inter-départements par exemple – sur les régions Occitanie, Centre-Val-de-Loire, Bourgogne-Franche-Comté et PACA » nous expliquait Karine Bozzacchi, responsable RSE de la Grande-Boucle, avant la dernière édition.
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La gratuité des transports en commun publics
« Il y a vraiment une cohérence entre les différents transports. La Ville de Nice a aussi fait un gros travail sur ses trams. (…) La région Centre-Val-de-Loire proposera aussi des cars gratuits » poursuivait Karine Bozzacchi.
Pour les événements locaux, comme une étape du Tour de France ou un match entre clubs professionnels, la solution est encore une fois dans les transports en commun, publics cette fois. « Si nous souhaitons éviter que les visiteurs viennent de manière carbonée, il faut qu’une fois sur place ils n’aient pas besoin de leur voiture » explique avec raison Alain Leboeuf, du Vendée Globe. « Le village est accessible (…) en navettes gratuites depuis les parkings relais, en bus avec une offre journalière et une offre pour 3 semaines, et en navette maritime électrique. » L’enjeu financier autour des navettes est capital, notamment pour les événements qui sont organisés dans des lieux plus reculés, comme les compétitions outdoor.
Du côté de Grenoble, 2 heures avant et 2 heures après les matchs du Grenoble Foot 38, du FC Grenoble Rugby ou des Brûleurs de Loups, les transports (bus et tram) du réseau grenoblois sont gratuits, sur simple présentation du billet de match. Une initiative simple et efficace pourtant peu dupliquée, à cause de son coût et de sa faisabilité. Les villes de Rouen ou de Toulon se sont laissées tenter. À Bordeaux, lors des phases finales de Top 14 en 2024, une tarification spéciale et avantageuse avait été mise en place pour les trams. Fin 2022, le Ministère des Sports avait par ailleurs poussé pour l’expérimentation de la gratuité des transports publics les jours de matchs, dans son Plan de sobriété énergétique. Cette recommandation a été peu suivie… Il y a encore du travail.